AFP - Jeudi 2 août, 20h26
ABIDJAN (AFP) - La production agricole ivoirienne de "type pluvial" a baissé de moitié ces dix dernières années en raison du phénomène de changement climatique menaçant pour la sécurité alimentaire d'un pays jusque là modèle en Afrique, a annoncé jeudi à Abidjan un chercheur de la filière.

"Le changement climatique a énormément affecté nos productions agricoles, parfois jusqu'à 50%" a indiqué à l'AFP Yo Tiémoko, directeur du Centre national ivoirien de recherche agronomique (CNRA), lors d'une rencontre nationale sur le réchauffement de la planète à Abidjan.

"C'est un grand risque qui pèse sur la sécurité alimentaire si nous n'arrivons pas à prendre des mesures", a-t-il prévenu, en soulignant que "les quantités de pluies de plus en plus faibles et leur répartition très aléatoire" sont à l'origine de cette réduction des cultures vivrières (cacao, coton, riz...).

"Les paysans sont aujourd'hui désorientés. Ils n'arrivent pas à caler leur pratiques agricoles anciennes sur la bonne période. Les changements climatiques pourraient donc devenir un important facteur de pauvreté durable", souligne-t-il.

"Les changements climatiques constituent une des menaces les plus sérieuses de notre système planétaire", a de son côté estimé André Carvalho, responsable à Abidjan du Programme des nations unes pour le développement (Pnud).

Selon le CNRA, "la déforestation et l'industrialisation dues à l'homme" sont des facteurs aggravants des dérèglements climatiques qui provoquant la sécheresse, la désertification ou les inondations.

"Plus de 38% de la population africaine vit dans l'extrême pauvreté. Les perturbations de l'environnement de production agricole précariseront davantage les conditions de vie", estiment les chercheurs ivoiriens.

La culture du cacao, principale source de revenues pour le pays, est également menacée par le réchauffement climatique à travers l'apparition de nouvelles maladies qui s'attaquent aux plantations.

Le cacao, dont la Côte d'Ivoire est le premier producteur mondial avec 40% des parts de marché, fait vivre six millions d'Ivoiriens sur une population de 15 millions. Mais sa culture, qui se pratique dans les zones forestières, est menacée par la déforestation due à l'exploitation du bois, soulignent-ils.

Au cours des prochaines années et décennies, les cultures, fragilisées par la sécheresse, seront encore plus à la merci des "maladies" et des "ravageurs", a prévenu jeudi un chercheur ivoirien.

Pour y remédier, M. Tiémoko compte "mieux informer les producteurs" sur les évolutions météorologiques pour qu'ils puissent tirer un maximum de leurs cultures.