L'homme est considéré comme l'espèce la plus sociale, cependant les êtres humains s'examinent pour estimer quel degré de confiance il est possible de placer dans son interlocuteur.

Dans une étude à paraître dans l' "American Journal of Physical Anthropology", les chercheurs attribuent l'origine de ce comportement à une réorganisation d'une partie de notre cerveau. Cette zone du cerveau, nommée amygdale, est notamment responsable de la perception des émotions de l'autre.
L'amygdale est un faisceau de neurones profondément enfoui dans le cerveau. De la forme d'une amande, elle est impliquée dans la perception des émotions de nos congénères. Alors que l'on croyait que la peur était la principale émotion captée par cette zone du cerveau, une étude datant de 2006 avait déjà démontré qu'elle est en fait responsable de la détection d'une large variété de comportements.
De plus, les scientifiques ont mis en évidence que les autistes, caractérisés par une diminution de l'interaction sociale et une incapacité de compréhension des actions de l'autre, sont peu fournis en neurones au niveau de l'amygdale et en particulier dans son noyau latéral. En effet, le noyau latéral effectue de nombreuses connexions avec le lobe temporal du cerveau (impliqué dans le comportement social et le traitement des émotions).

Pour comprendre l'action de l'amygdale, l'équipe dirigée par l'anthropologue Katerina Semendeferi de l'Université de Californie de San Diego a mesuré les aires du cerveau chez des cadavres simiesques et humains (12 spécimens). Les scientifiques ont démontré que l'amygdale des humains est plus grosse en taille que chez les singes mais le rapport volume de l'amygdale / volume du cerveau est cependant plus important chez les primates. Néanmoins, de manière intéressante, le volume relatif occupé par le noyau latéral est beaucoup plus important chez l'homme.
Les chercheurs ont donc conclu que le noyau latéral s'est beaucoup plus développé que les autres aires de l'amygdale depuis que la lignée humaine est apparue. Selon Semendeferi, cette augmentation reflète les pressions sociales de la vie en groupe et de ses besoins d'interaction. Pour étayer leur hypothèse, les scientifiques mettent en avant l'orang-outang dont la vie solitaire est caractéristique. En effet, il possède une amygdale et un noyau latéral plus petits que les autres espèces de primates.

James Rilling, anthropologue de l'Université d'Atlanta apprécie le nombre de spécimens de primates étudiés. Il déplore néanmoins le faible nombre d'échantillons pour chaque espèce et attend d'autres études pour tirer des conclusions définitives. Une fois cette vérification effectuée, l'étape suivante consistera, selon Rilling, en l'utilisation des technologies modernes d'imagerie du cerveau pour confirmer que le noyau latéral de l'homme effectue davantage de connexions avec le lobe temporal du cerveau que celui des primates.