ZD Net - Jeudi 16 août, 20h07
Le téléchargement illégal est une pratique bien ancrée dans les habitudes des jeunes internautes européens. Pour les besoins de son enquête Eurobaromètre (*), la Commission européenne a interrogé 930 enfants dans les 27 pays membres, âgés de 9 à 14 ans. Confrontés aux questions portant sur les morceaux de musique, les films ou les jeux téléchargés gratuitement sur le Net, leur réponse est éloquente : la plupart savent qu'une grande partie de ces actes sont illégaux, mais ils sont toujours prompts à se justifier.
« Seule une minorité se dit consciente du préjudice créé et de l'immoralité de ces comportements », note la Commission. Principale excuse avancée par les enfants : « tout le monde le fait ». À titre d'exemple, la réponse d'une Norvégienne de 12 ans : « Papa le fait tout le temps », ce qui constitue à ses yeux une forme d'autorisation implicite.

« Il faut punir plutôt les vendeurs de CD gravés »
« Le caractère massif du comportement le dédouane en partie, mais rend également une sanction légale très difficile et peu crédible », souligne le rapport de Bruxelles. Parmi leurs arguments, les enfants insistent aussi sur leur usage des fichiers téléchargés, qui est « personnel et privé ». Ils considèrent donc que si sanction il doit y avoir, elle devrait plutôt concerner les personnes qui en tirent des bénéfices financiers en revendant des CD gravés.
Par ailleurs, peu d'entre eux estiment que leurs téléchargements peuvent nuire aux artistes. Les réactions se limitent à : « les chanteurs et les acteurs sont assez riches » (réponses de jeunes italiens). D'autant que les enfants signalent que CD et DVD ne sont pas dans leurs moyens. Ils souhaiteraient toutefois que des règles plus claires soient fixées, pour déterminer ce qui est légal ou non (rappelons que téléchargement gratuit ne signifie pas forcément téléchargement illégal, Ndlr), et se disent prêts à envisager « une possibilité de paiement modique » pour leurs actes.

Les risques de virus, plus dissuasifs que les poursuites
Mais au final, la quasi-totalité des enfants se déclarent « prêts à poursuivre leurs téléchargements, ne se voient pas y renoncer ». Car selon eux, « le risque de télécharger un virus paraît, au bout du compte, plus dissuasif que le risque de poursuites judiciaires », conclut la Commission européenne.
Les maisons de disques et les pouvoirs publics se trouvent donc face à cette nouvelle évidence : tous leurs efforts, jusqu'à présent essentiellement répressifs, n'ont pas porté leurs fruits face à une génération qui a grandi avec l'internet, et pour qui les nouvelles technologies font partie du quotidien. En France, ayants droit, plates-formes légales et représentants du gouvernement sont toutefois en train de plancher sur leur nouvelle phase de lutte contre le téléchargement illégal : la riposte graduée

(*) l'étude Eurobaromètre dans son ensemble évalue le rapport des enfants à l'internet et à la téléphonie mobile, leur degré de conscience vis-à-vis des dangers qu'ils sont susceptibles de rencontrer (virus et programmes malveillants, publicité abusives, contenus sexuels ou violents ou encore propositions en provenance d'adultes).