Par Maria Cheng AP - il y a 1 heure 54 minutes LONDRES -
Un enfant qui n'aime pas les légumes n'a qu'à s'en prendre à ... ses gènes. Une étude publiée ce mois-ci dans le journal américain de nutrition clinique, explique que la "néophobie", c'est-à-dire la peur de goûter de nouveaux aliments, a la plupart du temps une origine génétique.

"En fait, les enfants pourraient accuser leurs mères", a déclaré le Dr Jane Wardle, directrice de l'unité de comportement sanitaire, College de Londres, co-auteure de l'étude. Wardle et ses collègues ont demandé aux parents de 5.390 paires de vrais et de faux jumeaux de remplir un questionnaire à propos de leur bonne volonté à goûter de nouveaux aliments. Les vrais jumeaux qui ont le même patrimoine génétique, répondaient plus volontiers de la même manière aux nouveaux aliments que les faux jumeaux, qui, comme dans une fratrie, n'ont qu'une partie des gènes en commun. Les chercheurs en ont conclu que la génétique jouait un rôle plus important dans le choix des aliments que l'environnement, les jumeaux partageant la même maison. Les préférences alimentaires sont tout aussi héréditaires que peuvent l'être les caractéristiques physiques, notamment la taille", a estimé Jane Wardle.
Au contraire de la presque totalité des phobies, la néophobie est une étape normale du développement humain.

A l'origine, expliquent les scientifiques, il s'agissait d'un mécanisme de l'évolution destiné à protéger les enfants de la consommation accidentelle d'aliments dangereux, comme les baies ou les champignons vénéneux.
La néophobie apparaît en général à l'âge de deux ou trois ans, lorsque les enfants deviennent mobiles et sont susceptibles d'échapper à la vigilance de leurs parents. Le fait de ne pas avoir d'appétence pour les nouveaux aliments sur lesquels ils tombent peut alors leur sauver la vie. Tandis que la plupart des enfants cessent d'être difficiles en matière d'alimentation avant l'âge de cinq ans, certains le demeurent bien au-delà de cette limite.

"Le patrimoine génétique de votre enfant va largement influencer ses dispositions à manger de nouveaux aliments", a observé le Dr Marlene Schwartz, directrice adjointe du Centre Rudd sur la politique alimentaire et l'obésité de l'université de Yale. "C'est comme apprendre à faire de la bicyclette", selon Schwartz. "Certains enfants ont plus de mal à apprendre et ont besoin de plus de temps, mais ça vaut toujours la peine de le leur enseigner."
D'autres aptitudes en matière de goût - comme la capacité à sentir l'amertume des aliments- sont également héritées des parents. Les scientifiques ont déjà identifié le gêne responsable de la sensation d'amertume et ils ont découvert qu'environ 30% des Caucasiens en sont privés et ne peuvent donc pas la sentir.

Certains experts pensent que la néophobie est surtout le reflet de la personnalité. Les personnes qui sont à la recherche d'expériences nouvelles et intenses ont tendance à être intrépides en matière de nourriture. A l'inverse, les personnes timides seraient plus réticentes à surprendre leur palais. Cependant, les experts affirment également que l'environnement créé par les parents est essentiel dans la détermination des habitudes alimentaires de leurs enfants.

"Tout ne peut pas être génétique", a observé le Dr Marcy Goldsmith spécialiste en nutrition et comportement alimentaire à l'université de Tufts. "Pour que les enfants aient l'occasion d'essayer de nouveaux aliments, il faut d'abord que les parents leur en proposent." AP