Par Sim WISSGOTT AFP - Mardi 28 août, 17h17 VIENNE (AFP) -
L'ONU estime qu'environ 150 milliards d'euros d'investissements seront nécessaires d'ici à 2030 pour maintenir à leur niveau actuel les émissions de gaz à effet de serre, responsables du réchauffement climatique, dans un rapport présenté mardi à Vienne.

Un millier d'experts publics et privés sont réunis jusqu'à vendredi dans la capitale autrichienne à l'invitation de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (UNFCCC) pour y définir les engagements contre le changement climatique après 2012, date d'expiration du protocole de Kyoto.

Selon l'UNFCCC, un simple maintien du statu quo nécessitera des moyens considérables: "des investissements de 200 à 210 milliards de dollars (147 à 155 milliards d'euros) seront nécessaires à l'échelle mondiale d'ici à 2030 pour ramener les émissions mondiales de gaz à effet de serre au niveau actuel". De 0,3 à 0,5% du Produit intérieur brut (PIB) de la planète et de 1,1 à 1,7% de l'investissement mondial devront ainsi être consacrés à la lutte contre les changements climatiques, selon ce rapport.
L'UNFCCC préconise d'accélérer les investissements dans les énergies renouvelables ainsi que pour améliorer l'efficience énergétique des transports, de l'industrie et de la construction, et de développer l'exploitation durable des forêts. Il recommande aussi de poursuivre le mécanisme du protocole de Kyoto permettant aux pays industrialisés d'investir dans les pays en développement pour y réduire, à moindre coût, les émissions de gaz à effet de serre. Si des financements nouveaux seront nécessaires, "une part importante des investissements supplémentaires pourrait être assurée avec les moyens actuels" s'ils sont correctement "redirigés", estime le rapport.

"La réponse au changement climatique passera en grande partie par l'économie", a résumé mardi le secrétaire exécutif de l'UNFCCC, Yvo De Boer, en soulignant l'importance du rôle que devront jouer les "investissements privés".

Il a demandé "l'établissement de normes unifiées (au niveau mondial) afin d'éviter des distortions dans la concurrence" au détriment des sociétés et des pays plus respectueux de l'environnement. "Il existe un mélange de réglementation et de signaux par les prix qui peut être utilisé pour inciter à les gens à choisir les options les plus efficaces énergétiquement", a-t-il estimé.

La réunion de Vienne, qui rassemble des représentants des gouvernements, de l'industrie, de la communauté scientifique et des mouvements écologistes, est destinée à préparer la conférence qui réunira les 191 Etats membres de l'UNFCCC du 3 au 14 décembre à Bali (Indonésie) pour y définir l'après-Kyoto.
"Cette réunion permettra d'établir si les politiques sont prêts à aller au-delà des déclarations d'intention habituelles", estime M. De Boer.
Les émissions de gaz à effet de serre ont fortement augmenté dans les pays en voie de développement, alors que les pays industrialisés peinent à réaliser les objectifs du protocole de Kyoto, qui leur impose d'ici à 2012 des réductions des émissions par rapport au niveau de 1990.

Cette année, trois rapports établis par Groupe intergouvernemental d'experts sur l'évolution du climat, constitué de plusieurs centaines de scientifiques réunis sous l'égide de l'ONU, avaient déjà souligné la nécessite d'agir rapidement contre le réchauffement climatique et esquissé des solutions.