Reuters - il y a 1 heure 11 minutes LONDRES (Reuters) -

Une consommation excessive de viande rouge n'est pas seulement nocive pour la santé, c'est aussi mauvais pour la planète: réduire de moitié la consommation quotidienne de viande dans les pays développés à l'horizon 2050 aiderait à limiter le réchauffement climatique, affirme une étude publiée jeudi dans la revue médicale britannique The Lancet.

Dans le monde, l'agriculture dégage 20% environ des émissions de gaz à effet de serre (une proportion similaire à celle du secteur industriel mais supérieure à celle liées aux transports). L'élevage a un impact particulièrement élevé: le bétail, notamment son transport et sa nourriture, est à l'origine de près de 80% des émissions agricoles, majoritairement sous forme de méthane.
Selon Tony McMichael, de l'Université de Canberra, et John Powles, de l'Université de Cambridge, la consommation de viande dans le monde pourrait être réduite de 10%. Cela contribuerait à lutter contre le réchauffement de la planète mais aussi à réduire les risques associés à une consommation excessive de viande, écrivent-ils.
"Si l'on considère que la population globale va augmenter de 40% d'ici 2050 et si aucune réduction des émissions de gaz à effet de serre liées au bétail n'intervient, la consommation de viande devra baisser à 90 grammes par jour et par personne pour stabiliser les émissions de ce secteur", expliquent les chercheurs. Il faudrait aussi limiter à 50 grammes par jour la consommation de viande rouge provenant de ruminants (boeuf, mouton, chèvre) émetteurs de méthane, un gaz à fort pouvoir réchauffant.

La consommation moyenne de viande s'élève actuellement à 100 grammes par personne et par jour dans le monde avec des disparités considérables entre pays développés - 200 à 250 grammes - et pays pauvres (20 à 25 grammes).
Le Lancet publie par ailleurs un autre article selon lequel la santé de quelque 2,4 milliards d'individus dans le monde est affectée parce qu'ils n'ont pas accès à une énergie propre, comme par exemple l'électricité, et qu'ils sont exposés à la fumée de feux ouverts.
Selon Paul Wilkinson, de la London School of Hygiene and Tropical Medicine, les populations les plus riches utilisent jusqu'à 20 fois plus d'énergie par personne que celles des pays pauvres.

On estime que l'inhalation de fumées dégagées par des feux de bois, de charbon ou de bouse de vache cause chaque année quelque 1,6 million de morts prématurées, soit le double des morts dues à la pollution atmosphérique dans les villes, sans compter le nombre de personnes atteintes de maladies respiratoires. Parallèlement, quelque 1,6 milliard de personnes n'ont pas accès à l'électricité.

"Une diminution substantielle de la consommation de viande dans les pays riches serait également bénéfique pour la santé, principalement en réduisant les risques de maladies cardiovasculaires (...) obésité, cancer colorectal, et peut-être d'autres cancers", jugent les chercheurs. "Une augmentation de la consommation de produits d'origine animale dans des populations pauvres serait également bénéfique pour leur santé", ajoutent-ils.

"Paradoxalement, les pauvres utilisent beaucoup moins d'énergie mais tous les effets négatifs retombent sur eux", a dit Wilkinson dans une interview.