Par Jean-Louis SANTINI AFP - Mercredi 19 septembre, 20h18 CHICAGO (AFP) -

La recherche de nouvelles armes anti-sida se concentre désormais sur une nouvelle classe d'antirétroviraux prometteurs visant à empêcher le virus de pénétrer dans les cellules du système immunitaire, selon plusieurs études présentées cette semaine lors d'une conférence médicale à Chicago.

La cible est le récepteur CCR5, sorte de clé à la surface des cellules lymphocytaires, utilisée par le virus du Sida (VIH) pour s'amarrer à la surface des cellules avant de s'immiscer à l'intérieur afin de produire des copies de lui-même.
Dans la course au développement de cette nouvelle classe de molécule, le plus avancé des laboratoires est l'américain Pfizer avec le Selzentry (Maraviroc). Les résultats des derniers essais cliniques dévoilés à la 47e conférence annuelle sur les agents anti-microbiens (ICAAC) qui se tient à Chicago (Illinois, nord) jusqu'à jeudi, confirment sur une période prolongée (48 semaines) "l'innocuité et l'efficacité du Selzentry", selon le Dr Jacob Lalezari, directeur de Quest Clinical Research et professeur de médecine à l'université de Californie (ouest) à San Francisco. Ces résultats sur le long terme "sont rassurants car ce médicament est une nouvelle arme importante pour traiter le sida", a-t-il aussi déclaré.
Près de trois fois plus de patients traités avec Selzentry combiné aux thérapies traditionnelles avaient des charges virales indétectables, comparativement à un groupe témoin, a précisé ce médecin. L'agence américaine des médicaments (FDA) avait en août donné son feu vert, au terme d'une procédure accélérée, à la commercialisation du Selzentry, le premier d'une nouvelle classe de médicaments anti-sida depuis plus de dix ans.

Une autre étude qui a porté pendant deux ans sur le vicriviroc du laboratoire Schering, le premier à se lancer dans la course à cette nouvelle molécule, dont les résultats ont aussi été dévoilés à l'ICAAC, montre que ce neutralisateur du récepteur CCR5 pris avec d'autres thérapies anti-rétrovirales standard, a eu "des effets anti-rétroviraux efficaces et durables", selon le Dr Roy Gulick, de la faculté de médecine Weill-Cornell à New York. Le vicriviroc a subi des revers dans son développement comme la molécule concurrente aplaviroc du britannique GlaxoSmithKline. Ces deux laboratoires avaient mis fin à des essais cliniques de phase 2 en 2005 en raison de problèmes notamment de toxicité hépatique.

Une équipe de chercheurs du laboratoire Sangamo BioSciences à Richmond (Virginie, sud-est) a aussi annoncé à Chicago avoir créé en laboratoire des cellules immunitaires humaines capables potentiellement de neutraliser de façon permanente le récepteur CCR5.
Pour ce faire, ils sont parvenus à modifier le gène qui dans le récepteur CCR5 code une protéine à la surface de ces cellules permettant au virus VIH de s'y amarrer.
Sangamo prévoit de commencer prochainement des essais cliniques, une initiative approuvée en juin par les Instituts nationaux américains de la Santé (NIH).

Par ailleurs, le Dr Moira McMahon de la faculté de médecine de l'université Johns Hopkins à Baltimore (Maryland, est) a présenté une étude montrant que l'entecavir, un traitement puissant contre l'hépatite B, paraissait avoir dans un premier temps des effets anti-Sida et provoquer ensuite chez certains patients des variantes du virus VIH résistantes aux plus importants anti-rétroviraux.

Enfin, une étude de l'Université du Texas portant sur près de 100.000 personnes, dévoilée mercredi à l'ICAAC, montre que l'infection du Sida accroît de 60% le risque de développer certains cancers comme celui de l'anus, du foie et du poumons.