Par Véronique MARTINACHE AFP - Mardi 9 octobre, 16h45 PARIS (AFP) -

La dépression est une des maladies psychiques les plus répandues, avec plus de 3 millions de Français touchés chaque année: pour sensibiliser à sa gravité, le gouvernement a lancé mardi une campagne d'information dans le cadre du plan Santé mentale 2005-2008.

Souvent ignorée et mal comprise, la dépression n'a rien à voir avec un "coup de déprime". C'est une maladie source de handicaps lourds, qui entraîne "une souffrance morale très intense", a expliqué la ministre de la Santé Roselyne Bachelot, qui dressait devant la presse un bilan du plan Santé mentale et présentait ses priorités dans ce domaine pour 2008.
La dépression se caractérise par une tristesse importante, une baisse de l'humeur à un degré nettement anormal, une diminution marquée de l'intérêt pour toute activité et une fatigue inhabituelle et excessive, des troubles du sommeil, des pensées morbides...

Des symptômes qui s'installent dans la durée.
Le dispositif d'information mis en place par l'Institut national de prévention et d'éducation pour la santé (Inpes), s'articule autour de deux outils: un guide sur la maladie, "La dépression, en savoir plus pour en sortir", et un site internet (www.info-depression.fr). Le guide est téléchargeable sur le site et peut être commandé par téléphone (0 821 22 23 24). Pour promouvoir ces deux outils, une campagne dans les médias sera lancée à la fin du mois, avec un film TV d'animation et 4 spots radio.

"L'amélioration de la prise en charge de la dépression est un programme majeur du plan santé mentale", a souligné la ministre, détaillant les points lui tenant "particulièrement à coeur": renforcement de la prévention, du repérage et de la prise en charge de cette maladie, "actions ciblées auprès des populations qui sont particulièrement menacées".
La dépression est la première cause de suicide: près de 70% des 10.000 personnes qui décèdent chaque année par suicide souffraient d'une dépression, le plus souvent non reconnue ou non prise en charge, selon l'Inpes.
Mme Bachelot a ainsi indiqué qu'elle allait lancer "avant la fin de l'année un groupe de travail national sur la prévention du suicide, notamment chez les adolescents, les adultes jeunes et les personnes âgées". Faisant un bilan d'étape du plan Santé mentale, doté d'un milliard d'euros sur 5 ans, la ministre a indiqué que 60% des actions prévues "sont engagées ou réalisées". Pour le secrétaire général du Syndicat des psychiatres des hôpitaux Jean-Claude Pénochet, si le plan a des "aspects positifs", au niveau local "on a l'impression d'un émiettement", avec "quelques actions qui viennent comme un bout de sparadrap compenser telle ou telle blessure importante de la structure hospitalière". Mme Bachelot a déclaré "comprendre l'insatisfaction des professionnels" sur le terrain. Les opérations "se mettent en oeuvre petit à petit", a-t-elle expliqué.

Selon le bilan gouvernemental, la première tranche du plan a entraîné la création de 173 postes de médecins spécialisés et de 1.433 autres postes. L'objectif, pour 2007-2008, est de créer par an 100 postes de médecins et 800 autres postes. Sur les 750 millions d'euros d'investissements prévus par le plan, 300 millions ont été financés, a indiqué la ministre.

Le ministère travaille par ailleurs à un projet de réforme de l'hospitalisation d'office et de l'hospitalisation sans consentement sur demande d'un tiers.