AFP - Samedi 27 octobre, 14h46 PARIS (AFP) -

La "possibilité d'une augmentation" du risque de gliome, une tumeur du cerveau, pour les "forts utilisateurs" de téléphone mobile, est "suggérée" par les résultats de l'étude Interphone-France, mais la marge d'erreur statistique est trop large pour trancher définitivement, selon les auteurs.

"Nos résultats, suggérant la possibilité d'une augmentation du risque pour les forts utilisateurs, devront être vérifiés dans les analyses internationales de l'étude Interphone", affirment Martine Hours, Elisabeth Cardis (Centre international de recherche sur le cancer, CIRC) et leurs collègues dont les travaux viennent d'être publiés dans la Revue d'épidémiologie et de santé publique.

Lancée en 1999 et coordonnée par Elisabeth Cardis (Unité de recherche sur les rayonnements du CIRC), l'étude Interphone vise à étudier dans 13 pays (dont plusieurs pays européens, Japon, Nouvelle-Zélande, Australie et Israël) s'il existe une relation entre l'usage du téléphone mobile et certaines tumeurs du nerf acoustique, des glandes salivaires ou du cerveau (gliome, méningiome).
Il s'agit de comparer l'usage du mobile pendant dix ans de patients âgés de 30 à 59 ans souffrant de ce type de tumeurs avec les pratiques de personnes indemnes (groupe-témoins). L'étude française, qui a porté sur plus de 350 patients souffrant d'une tumeur du cerveau ou du nerf acoustique survenue en 2001-2003 et 475 témoins, conclut globalement que "l'usage régulier", au moins une fois par semaine, du téléphone mobile "n'est pas lié à une augmentation du risque".

Mais elle fait état d'une "tendance générale à une augmentation du risque de gliome chez les plus gros +consommateurs+ de téléphonie mobile", tout en jugeant ces résultats statistiquement non significatifs, compte tenu de la marge d'erreur. Ces "plus gros consommateurs" comprennent des utilisateurs de téléphone mobile depuis plus de 46 mois, les personnes ayant déjà utilisé en 2001 plus de deux téléphones mobiles ou cumulé plus de 260 heures de conversation, et ceux qui parlent plus de cinq minutes par appel, a précisé à l'AFP Martine Hours.
Les résultats globaux d'Interphone, toujours attendus, pourraient apporter des réponses statistiquement plus significatives que les analyses nationales, selon Elisabeth Cardis. "La mise en commun des données des pays scandinaves et d'une partie du Royaume-Uni a permis de dégager un risque de gliome significativement accru" parmi les utilisateurs de mobile pendant dix ans "du côté de la tête où la tumeur s'est développée", a résumé le CIRC fin septembre.

Mais, selon le Dr Cardis, il y peut y avoir des "biais de mémorisation", si les malades surévaluent, dix ans plus tard, leur usage du portable du même côté que la tumeur, et des "biais de sélection", si les personnes témoins ne constituent pas un échantillon représentatif de la population.