Par ANNIE HAUTEFEUILLE AFP - Samedi 24 novembre, 14h19 - PARIS (AFP) -

Le Conseil national du sida et plusieurs associations souhaitent une refonte du dispositif de dépistage du VIH/sida, en allant au devant des populations à risques, "hors les murs" des structures sanitaires habituelles, grâce notamment à l'utilisation de tests rapides.

L'association Aides organise ainsi en novembre-décembre, comme en 2006 à la même époque, des actions de dépistage "hors les murs" dans plusieurs mairies d'arrondissement de Paris ou centres sociaux. Mais sans être autorisée à recourir aux tests rapides, simples à faire à partir d'une goutte de sang perlant au bout du doigt ou de la salive, et permettant d'obtenir un résultat en quinze ou vingt minutes.

Malgré plusieurs millions de tests de dépistage du VIH/sida chaque année en France, 18.000 à 61.000 personnes ignorent être porteuses du virus, avait souligné le Conseil national du sida (CNS) voici un an, recommandant "d'optimiser le dépistage". Il a de nouveau appelé cette semaine à refondre le dispositif, en donnant la possibilité d'utiliser les tests rapides et en réaménageant globalement l'offre pour "réduire le nombre de découvertes tardives de l'infection à VIH". "Ce retard entraîne une surmortalité", avait relevé l'an dernier le Pr Willy Rozenbaum, président du CNS. En outre, l'ignorance de leur statut par les personnes séropositives "peut favoriser les transmissions" du VIH, souligne le CNS.

Fin 2005, près de 29.000 patients atteints du sida (syndrome de l'immuno-déficience acquise) vivaient en France. Le nombre total de séropositifs est estimé à 150.000, mais des milliers d'entre eux l'ignorent. Parmi les 6.700 personnes ayant découvert leur séropositivité en 2005, 16% l'ont fait "tardivement au stade sida" et "presque la moitié (48%) des personnes pour lesquelles un diagnostic de sida a été posé en 2005 ignoraient leur séropositivité", selon l'Institut de veille sanitaire.

Le dépistage peut s'effectuer dans plus de 350 centres de dépistage anonyme et gratuit (CDAG), ou bien, sur prescription médicale, dans les quelque 4.300 laboratoires d'analyses privés ou à l'hôpital. Deux tests, dont l'un de confirmation visant à rechercher le virus lui-même et non les seuls anticorps, sont actuellement nécessaires en France pour un diagnostic d'infection par le VIH. Simples à utiliser par un non-professionnel de santé, les tests rapides pourraient faciliter l'accès au dépistage au sein de structures associatives ou de proximité, afin de toucher les personnes qui n'ont actuellement pas recours aux tests, font valoir les associations.

Sidaction, qui a organisé récemment un colloque réunissant autorités sanitaires, associations et scientifiques, souligne les "bénéfices" d'expériences "hors les murs" à l'aide de tests rapides conduites notamment aux Pays-Bas, en Suisse et au Royaume-Uni. L'association espère que la ministre de la Santé Roselyne Bachelot, qui doit présenter lundi les grandes orientations pour 2008 en matière de lutte contre le sida, s'exprimera à ce sujet. Sidaction, tout comme Aides et d'autres associations, souhaitent obtenir des autorisations permettant de lancer rapidement des programmes expérimentaux, sans attendre la révision de la réglementation.

L'Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé a été chargée d'étudier la performance des tests rapides, pour savoir notamment si un seul test suffit, a indiqué un des responsables Nicolas Thévenet. Elle devrait remettre son rapport à la Haute autorité de santé (HAS) à la fin du premier semestre 2008. La HAS doit ensuite se prononcer.