PARIS (AFP) -

L'industrie pharmaceutique se met en danger sur le plan économique en "empêchant" l'accès des populations des pays pauvres aux médicaments, estime mardi un rapport de l'organisation humanitaire britannique Oxfam sur les pratiques des plus grands laboratoires mondiaux.

"L'industrie pharmaceutique empêche des millions de personnes pauvres d'avoir accès aux médicaments, mettant ainsi en péril son propre devenir" car "elle ne pourra pas profiter du plein potentiel des marchés émergents, pourtant perçus comme la prochaine étape de sa réussite financière", relève Oxfam. Elle "a échoué à mettre en place une politique de fixation progressive des prix correspondant au pouvoir d'achat des populations", empêchant ainsi plus de 85% de la population mondiale d'avoir accès aux traitements. En outre, elle "continue de négliger la recherche et le développement relatifs aux maladies affectant majoritairement les populations pauvres" et "demeure inflexible en matière de protection de la propriété intellectuelle en traînant les pays pauvres devant les tribunaux".
Ces pratiques "relèvent d'une stratégie commerciale totalement inefficace vis-à-vis des marchés émergents, en plus d'être moralement inacceptable", souligne l'organisation.

Oxfam reconnaît que certains laboratoires proposent des prix différenciés mais ce phénomène "reste extrêmement limité et ne concerne généralement que des maladies fortement reconnues, telles que le sida". L'organisation cite en exemple le laboratoire français Sanofi-Aventis qui "proposait en Thaïlande son médicament contre les maladies cardiovasculaires Plavix à un prix soixante fois supérieur à celui du Emcure, version générique indienne du médicament". Sanofi-Aventis a fini par baisser le prix de 70% devant la menace d'une licence obligatoire, qui permet à un pays d'autoriser la fabrication d'un médicament sans le consentement du titulaire du brevet, conformément à un accord de l'Organisation Mondiale du Commerce, explique Oxfam.