Par Maria Cheng AP - Jeudi 29 novembre, 18h26 LONDRES -

Difficile à imaginer mais, il n'y a pas si longtemps, on jugeait improbable le lien scientifique éventuel entre le cancer du poumon et la consommation de tabac. C'est maintenant au tour du travail de nuit d'être sur la sellette.

Le mois prochain, l'Agence internationale pour la recherche sur le cancer, une branche de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), va classer cette activité comme carcinogène "probable". Le travail de nuit se retrouvera ainsi dans la même catégorie que des cancérogènes comme les stéroïdes anabolisants, les rayons ultraviolets et la fumée provenant des pots d'échappement.

Si cette théorie se révélait exacte, plusieurs millions de personnes dans le monde seraient concernées. Les experts estiment en effet que près de 20% de la population active des pays en développement travaillent la nuit.

L'idée selon laquelle le travail de nuit augmenterait le risque de cancer suscite encore le doute. De nombreux sceptiques devraient pourtant s'interroger lorsque l'Agence Internationale pour la recherche sur le cancer rendra publics ses travaux en décembre dans la revue "The Lancet Oncology".

Si les experts reconnaissent que la preuve est limitée, le label "probable" sous-entend que le lien entre travail de nuit et cancer est plausible.

La recherche suggère qu'il existe une corrélation entre les personnes qui travaillent de nuit et l'augmentation du nombre de cancers. Mais la cause du cancer peut toujours être autre chose que le travail de nuit, ce qui n'entre pas dans le champ de l'étude.
Les scientifiques estiment le travail de nuit dangereux du fait de son action sur les rythmes circadiens, l'horloge biologique de l'organisme. La mélatonine, une hormone qui peut s'opposer au développement tumoral, est normalement produite la nuit.
La lumière coupant la production de mélatonine, les personnes qui travaillent sous lumière artificielle de nuit peuvent avoir un taux de cette hormone plus bas que la normale, ce qui augmenterait les risques de développer un cancer.
La privation de sommeil peut aussi être un facteur de risque. Les personnes qui travaillent de nuit n'arrivent pas complètement à retrouver leurs cycles veille/sommeil. En outre, le manque de sommeil rend le système immunitaire vulnérable aux attaques et moins apte à combattre les cellules cancéreuses potentielles.

De fait, toute personne dont le rythme jour/nuit est perturbé pourrait théoriquement présenter un risque accru de cancer. AP