Par Jean-Louis SANTINI AFP - WASHINGTON (AFP) -

L'état exceptionnel de préservation d'un dinosaure momifié, vieux de 67 millions d'années et découvert en 1999 aux Etats-Unis, permet de lever des mystères sur la physiologie de ces animaux disparus, ont révélé lundi des paléontologues.

Le spécimen, un hadrosaure, un dinosaure herbivore dit à bec de canard en raison du bec corné aplati qui prolongeait sa mâchoire, a conservé sa peau, ses ligaments et ses tendons fossilisés permettant aux scientifiques de reconstituer sa musculature. Cet hadrosaure, baptisé Dakota, avait été trouvé par un lycéen, Tyler Lyson, dans la formation géologique de Hell Creek riche en fossiles. Celui-ci a ultérieurement contacté Phillip Manning, un paléontologue de l'université de Manchester en Grande-Bretagne qui a fini par dégager avec une équipe la totalité de l'hadrosaure momifié en 2006.

"Généralement les paléontologues ont l'habitude de trouver de simples ossements, parfois quelques ossements encore articulés ensemble et très rarement le squelette fossilisé complet", explique Phillip Manning dans un entretien avec l'AFP. "Mais cette découverte est hors normes, époustoufflante et défie la logique", poursuit-il. "C'est tout simplement un dinosaure merveilleusement préservé en trois dimensions", ajoute le paléontologue dont les travaux font l'objet d'un ouvrage publié lundi par le National Geographic qui a financé une grande partie de cette recherche. "De tels fossiles permettent des avancées énormes dans notre compréhension de ces animaux disparus depuis longtemps et de ses mondes oubliés", souligne aussi ce scientifique.

Moins de dix exemplaires de dinosaures momifiés ont été découverts à ce jour, selon Matthew Carrano, conservateur de la section des dinosaures au musée Smithsonian à Washington.
Les hadrosaures mesuraient de 7 à 9 mètres de long et de 1,8 à 2,4 mètres à la hauteur des hanches.

Pour pouvoir transporter le bloc de roche de 3,6 tonnes dans lequel se trouvait encastré l'hadrosaure momifié, l'équipe de recherche a dû construire une route pour qu'un camion puisse transporter le tout vers un centre de la Nasa, l'agence spatiale américaine, à Canoga Park en Californie. Les scientifiques ont pu alors utiliser un scanner géant de manière à créer une image en trois dimensions de l'intérieur du corps et de la queue du fossile. Bien que l'analyse de toutes les données se poursuit, les résultats déjà obtenus indiquent que le postérieur de l'hadropaude est 25% plus grand qu'estimé. Ceci veut dire que ce dinosaure pouvait atteindre la vitesse de 45 km/heure, soit 16 km/heure de plus que le T. Rex (Tyrannosaure), un grand dinosaure carnivore.
Les chercheurs ont aussi déterminé que sa peau pourrait avoir été zébrée lui donnant un camouflage naturel.

Les paléontologues ont également pu calculer avec une grande précision l'espace séparant les vertèbres de l'animal. Alors que dans la plupart des musées d'histoire naturelle, les vertèbres sur les squelettes des dinosaures exposés sont collées l'une sur l'autre, la réalité a probablement été différente, à la lumière des données retirées du spécimen Dakota, explique Philip Manning. Selon les calculs effectués sur le fossile momifié, elles étaient séparées d'un centimètre signifiant que nombre de dinosaures pourraient avoir mesuré au moins un mètre de plus qu'on ne le pense jusqu'à présent, selon lui.

L'ouvrage de Phillip Manning est intitulé "Grave Secrets of Dinosaurs: Soft Tissues and Hard Science (les secrets de la tombe des dinosaures: tissus mous et réalité scientifique). Il a aussi produit un ouvrage pour enfant dont le titre est "Dinomummy" dont la préface est écrite par Tyler Lyson, découvreur à 16 ans de Dakota. Il fait aujourd'hui des études de paléonthologie à l'Université Yale (Connecticut, est) et compte consacrer sa vie à l'étude de ce dinosaure momifié.