Par Véronique MARTINACHE AFP - Vendredi 7 décembre, 18h16 PARIS (AFP) -

Longtemps interdits de fait d'IRM (imagerie par résonance magnétique), obèses et claustrophobes peuvent espérer voir la fin du "tunnel", avec une nouvelle génération d'appareils ouverts, plus accueillants et de plus en plus performants, mais qui restent encore très rares en France.

Le cylindre ou "tunnel" de l'IRM traditionnelle est simplement inaccessible aux personnes de forte corpulence, contraintes dans le pire des cas de passer l'examen à l'Ecole nationale vétérinaire d'Alfort, avec une qualité d'image médiocre. Il est aussi dissuasif pour les personnes claustrophobes ou les jeunes enfants, souvent incapables de rester immobiles pendant toute la durée de l'examen sans le recours à une anesthésie générale.

Sur un parc d'environ 420/450 appareils, la France compte une petite dizaine d'IRM ouvertes, c'est-à-dire sans tunnel, selon le Syndicat national de l'industrie des technologies médicales: 5 IRM de bas champ (0,3 tesla, le tesla étant l'unité de mesure de la puissance du champ magnétique), une IRM de champ moyen (0,6 T) et 3 IRM de haut champ (1 T) tout nouvellement installées. Un appareil de haut champ (1,5 T), avec un tunnel à large ouverture (70 cm de diamètre au lieu de 60) est par ailleurs en fonction à Lens.

Une IRM ouverte de haut champ, en service depuis le 19 novembre, a été inaugurée jeudi à la clinique de l'Essonne à Evry, avec un financement privé. Deux autres sont installées dans des hôpitaux de l'Assistance publique (AP-HP) à la Pitié-Salpêtrière (Paris) et à Louis-Mourier (Colombes), et entreront prochainement en fonction.

Cet appareil fabriqué par Philips, plus cher qu'une machine traditionnelle (1,5 million d'euros hors taxes) permet "des images de même qualité qu'un tunnel fermé", explique Jean Coumbaras (radiologue, clinique de l'Essonne).
Sa configuration ouverte et la taille de la table d'examen autorisent les patients jusqu'à 250 kg. Les personnes claustrophobes (2 ou 3 sur 20 à 25 patients quotidiens) échappent à la sensation d'étouffement, d'angoisse, qui les poussent à refuser ou interrompre l'examen dans une machine traditionnelle. "On n'a pas la sensation d'être dans un étau", commente une patiente qui a expérimenté les deux techniques. Le système est également bien adapté aux enfants qui restent en contact étroit avec leurs parents et aux tout-petits qui peuvent passer l'examen dans les bras de leur maman ou dans leur couveuse.

Il "révolutionne l'imagerie sportive", ajoute le Dr Coumbaras, en permettant "pour la première fois en France, une imagerie dynamique du mouvement". Certaines lésions ne sont en effet visibles que dans certains mouvements (hyperflexion, hypertension...). Il facilite l'examen de personnes à mobilité réduite, incapables d'entrer bien à plat dans un tunnel.
Enfin, il permet des interventions sur le patient pendant l'examen, que ce soit à des fins diagnostiques (biopsies osseuses, mammaires...) ou thérapeutiques (infiltrations d'articulations...). "Toutes les parties du corps peuvent être imagées avec une qualité de résolution exceptionnelle", résume le Dr Coumbaras.

A la Pitié-Salpêtrière, la machine est installée dans le service de neuroradiologie du Pr Jacques Chiras. A Louis-Mourier, centre de référence de l'obésité, elle sera utilisée pour les patients obèses, mais aussi pour la pédiatrie et la néonatalité, explique le Pr Elisabeth Dion, chef du service d'imagerie médicale. "Nous sommes très fiers de cette acquisition. Nous nous sommes beaucoup bagarrés pour l'avoir", ajoute-t-elle.