Par Annie HAUTEFEUILLE AFP - Jeudi 20 décembre, 12h46 PARIS (AFP) -

Largement popularisée par la science-fiction, l'idée d'univers multiples, que reprend Philip Pullman dans la trilogie "A la croisée des mondes" qui a inspiré un film sorti récemment, reste sérieusement envisagée par des scientifiques.

"L'idée d'une multitude d'univers est plus qu'une fantastique invention. Elle apparaît naturellement dans plusieurs théories et mérite d'être prise au sérieux", écrit l'astrophysicien Aurélien Barrau dans le numéro de décembre de la revue Cern Courier de l'Organisation européenne pour la recherche nucléaire. "Ces univers multiples ne sont pas des théories mais des conséquences de théories élaborées pour répondre à des questions claires de physique des particules ou de gravitation. Beaucoup de problèmes centraux de physique théorique (...) trouvent ainsi une explication naturelle", résume ce physicien du Laboratoire de Physique Subatomique et de Cosmologie (UJF/CNRS/IN2P3). "Notre univers ne serait-il qu'un îlot dérisoire au sein d'un immense +multivers+ infiniment vaste et diversifié?" si c'était vrai, cela pourrait être pour l'homme, qui s'était longtemps cru au centre du monde ou de la création, "une quatrième blessure narcissique", après celles infligées "par Copernic, Darwin et Freud", poursuit-il.

Imaginer qu'il y a une multitudes d'univers répondrait à une des interrogations des physiciens : par quel hasard - sauf à croire en Dieu- notre univers, s'il était le seul existant, aurait-il précisément les lois et constantes physiques ayant permis l'apparition d'astres, de planètes et finalement de la vie?.
"Les caractérisques de notre univers s'expliquent bien si l'on suppose que toutes les versions imaginables - ou non - de la réalité existent +quelque part+", résumait voici quelques années l'astrophysicien Max Tegmark.

L'idée d'univers parallèles avait été avancée dès 1957 par le physicien américain Hugh Everett, pour interpréter certaines bizarreries - pour le sens commun - de la physique quantique.
Des particules peuvent se trouver dans une superposition d'états -comme si un chat pouvait être à la fois mort et vivant, selon le célèbre paradoxe relevé par un des "pères" de la physique quantique Erwin Schrödinger. Mais un seul état devient réalité lors d'une observation. Les autres probabilités ne se concrétisent-elles pas dans d'autres univers? Hugh Everett et d'autres physiciens l'ont supposé.
Il existerait alors, plusieurs univers parallèles ayant eu un passé commun, avant de diverger vers un autre possible. L'ancienne série télévisée américaine "Sliders", où les "héros" glissaient de monde en monde, s'est inspirée de cette idée de même que Philip Pullman dans sa trilogie.

"Ce monde, comme tous les autres univers, est né du résultat des probabilités", explique Lord Asriel à Lyra la jeune héroïne de "A la croisée des mondes", en évoquant les particules élémentaires. "A un momment donné, plusieurs choses sont possibles, l'instant suivant, une seule se produit, et le reste n'existe pas. Sauf que, poursuit-il, d'autres mondes sont nés, dans lesquels ces autres choses se sont produites".