Par Yana Marull AFP - Samedi 26 janvier, 15h29 BRASILIA (AFP) -

Le Brésil, premier producteur mondial d'éthanol de canne à sucre, doit se préparer aux perspectives de consolidation du marché européen des biocarburants ouvertes par le plan énergétique contre le changement climatique de la Commission européenne annoncé cette semaine.

L'industrie de l'éthanol brésilienne se frottait déjà les mains à la perspective de ce plan prévoyant que dans le domaine des transports, les biocarburants (éthanol, biodiesel) devront, en 2020, composer 10% du carburant total englouti par les véhicules des Européens.

"Nous le (ce plan) jugeons très positif car cela va permettre le développement et la consolidation du marché européen des biocombustibles", a déclaré à l'AFP l'assesseur international de l'Union de l'Industrie de la canne à sucre de Sao Paulo (Unica), Géraldine Kutas.

Egalement premier exportateur mondial, le Brésil voit dans ce plan énergétique "davantage une perspective qu'une opportunité réelle car le problème auquel est confronté l'éthanol brésilien en Europe reste les tarifs élevés qui lui sont appliqués (60% au-dessus de son prix), une question qui n'est pas souvelée dans le plan", souligne toutefois Géraldine Kutas.

Les Etats-Unis et le Brésil comptent à eux deux pour 70% de la production mondiale d'éthanol. Au Brésil plus de 80% des autos neuves fonctionnent indistinctement à l'éthanol ou à l'essence mais à laquelle sont incorporés 25% d'éthanol. En 2007, le Brésil a approvisionné le marché européen de quelque 800 millions de litres d'éthanol soit 30% de la consommation européenne, selon Unica. Et le secteur calcule que le plan européen pourrait se traduire en une demande évaluée à un maximum de 21, 5 milliards de litres d'éthanol par an, soit un peu plus de ce que le Brésil aujourd'hui produit, consomme (16,7 milliards de litres) et exporte (3,4 milliards de litres).

"L'industrie brésilienne est suffisamment engagée en terme d'investissements pour répondre à la demande interne qui a augmenté de 3,7 milliards de litres en 2007 pour atteindre les 16,7 milliards" a déclaré à l'AFP le patron du cabinet de consultants Datagro, Plinio Nastari qui souligne que "les opportunités d'exportations, si elles surgissent, obligeraient le Brésil à se tenir prêt, à s'engager à des provisions et des contrats de moyens et long termes, ce qui n'est pas le cas aujourd'hui".

Toutefois compte tenu de la rapide croissance du secteur, le consultant reconnaît que de telles provisions pourraient être réalisées à plus ou moins brève échéance.
Sachant, en outre, que la dimension sociale de cette culture était une question sensible aux yeux des Européens, l'industrie brésilienne a déjà diminué de 60% la coupe de la canne à sucre qui s'effectuait à la main, d'autant que la justice de Sao Paulo enquête sur 19 cas de décès, depuis 2005, peut-être dus à l'épuisement.