AFP - Dimanche 10 février, 19h24 PARIS, 10 fév 2008 (AFP) -

Une étude réalisée par des chercheurs américains révèle pourquoi certains patients souffrant de cancers de l'ovaire deviennent au fil du traitement résistants à la chimiothérapie à base de platine, selon la revue britannique Nature.

Les gènes BRCA1 et BRCA2, qui ont capacité à réparer l'ADN -en protégeant les cellules d'agents agressifs, notamment cancerogènes- peuvent eux-mêmes prédisposer aux cancers du sein et de l'ovaire, en cas de mutation génétique. De telles "erreurs" génétiques sont à l'origine d'environ 10% des cancers de l'ovaire, selon les auteurs.

Ainsi, si les tumeurs de l'ovaire répondent initialement très bien à la chimiothérapie à base de platine, 70 à 80% des personnes traitées finissent par développer une résistance à ces médications, selon l'étude réalisée par les chercheurs du Centre de recherche sur le cancer Fred Hutchinson, à Seattle (Washington, nord-ouest).

De fait, selon l'équipe de Toshiyasu Taniguchi, lorsqu'elles sont exposées au cisplatine, certaines cellules du cancer de l'ovaire développent des mutations secondaires du gène BRCA2, qui lui redonnent ses capacités à réparer l'ADN et permettent ainsi à la tumeur de devenir résistante aux attaques de la chimiothérapie.

Elizabeth Swisher, directrice du programme de prévention du cancer du sein et de l'ovaire à l'université de Washington, a qualifié de "jamais vu" ce mécanisme de résistance à la chimiothérapie. Selon elle, il pourrait aider à "trouver de nouveaux moyens de redonner à des tumeurs leur sensibilité à la chimiothérapie".

Les chercheurs espèrent pouvoir expliquer, grâce à cette découverte, la résistance aux traitements de nombre de cancers, dont ceux du sein, de la prostate et du pancréas.

Nature publie parallèlement les travaux de l'équipe du professeur Alan Ashworth (Institute of Cancer Research, Londres) sur le cancer du sein et le gène altéré BRCA2, qui décrivent également ce mécanisme d'adaptation (restauration des capacités de réparation de l'ADN) des cellules cancéreuses pour survivre à la chimiothérapie.

Environ 5% de tous les cancers du sein sont dus à des anomalies génétiques héréditaires prédisposant à la maladie, selon cette équipe. Cette découverte "devrait aider à trouver des moyens de contrecarrer ce problème de résistance", estime le Pr Ashworth, qui souligne que "la résistance aux médications est un problème commun à tous les types de cancer".