AFP - Mardi 26 février, 09h21 CHICAGO (AFP) -

Un seul cheveu suffit à reconstituer les déplacements d'une personne à travers les Etats-Unis, grâce à un nouveau test qui pourrait permettre à la police de vérifier des alibis ou d'identifier des victimes de meurtres.

A l'aide de simples échantillons d'eau du robinet et de restes de cheveux collectés dans des salons de coiffure à travers tout le pays, des chercheurs de l'université de l'Utah (ouest) ont réussi à mettre en évidence des différences chimiques suffisamment significatives pour servir de marqueurs géographiques.

"Vous êtes ce que vous mangez et buvez, et cela s'imprime dans vos cheveux", a expliqué Thure Cerling, géochimiste et coauteur de l'étude parue lundi dans la revue Proceedings of the National Academy of Sciences.

L'étude montre que 85% des variations des isotopes d'hydrogène et d'oxygène dans les cheveux d'une personne sont dues aux différences de composition de l'eau potable.
Un seul brin de cheveu peut donc permettre de déterminer l'endroit où se trouvait une personne des semaines voire des années auparavant, en fonction de la longueur du cheveu et donc du temps qu'il a mis à pousser.

L'équipe de Thure Cerling a mis au point une carte des différents ratios d'isotopes d'hydrogène et d'oxygène présents dans les cheveux, à travers les Etats-Unis. Cette carte ne permet pas de déterminer de lieux très précis, mais définit différentes zones géographiques. Elle a déjà permis de reconstituer l'itinéraire d'une victime de meurtre non identifiée retrouvée dans l'Utah.
"C'est une méthode phénoménale", a déclaré Todd Park, l'enquêteur de police qui cherche à identifier cette femme, dont le corps a été découvert en 2000 dans le comté de Salt Lake City.

Un échantillon de ses cheveux a permis de montrer qu'elle avait passé les deux dernières années de sa vie à se déplacer entre les Etats de l'Idaho, du Montana, du Wyoming, et peut-être également dans les Etats de Washington et dans l'Oregon (ouest et nord-ouest des Etats-Unis).

La technique pourrait aussi être utilisée par les médecins qui tentent de déterminer les symptômes montrant l'aggravation de maladies liées à l'alimentation, ou encore par les anthropologues ou les archéologues qui tentent de retracer les migrations de peuples ou d'animaux disparus, soulignent les auteurs.

Un type d'analyse similaire, développé par un des coauteurs de l'étude, Jim Ehleringer, est déjà utilisé par l'agence américaine anti-drogue, la DEA, pour déterminer où des échantillons de cocaïne ou d'héroïne ont été produits.