Par Tom Brown Reuters - Dimanche 6 avril, 10h04 - MIAMI (Reuters) - Version française Natacha Crnjanski

Mario Molina, lauréat du prix Nobel de chimie et l'un des premiers à avoir tiré la sonnette d'alarme sur le trou dans la couche d'ozone, a lancé samedi une mise en garde sur le réchauffement climatique, estimant qu'un réchauffement de la Terre dépassant 2,5°C aurait des "conséquences presque irréversibles". "Il y a un changement et il ne fait aucun doute qu'il résulte des activités humaines", a déclaré ce chercheur mexicain qui a partagé un prix Nobel en 1995 pour des travaux sur les gaz CFC et la menace qu'ils représentent pour la couche d'ozone. "Bien avant qu'on n'ait plus de pétrole, on n'aura plus d'atmosphère."

Lors d'un débat sur le changement climatique organisé à l'occasion de la réunion annuelle à Miami de la Banque de développement inter-américaine il a estimé que l'augmentation de l'intensité des ouragans était l'une des modifications les plus inquiétantes que les chercheurs aient reliées au réchauffement climatique observé ces 30 dernières années.

Des "points de basculements qu'il ne faut pas atteindre"
Il n'a pas détaillé les effets à ce jour de la hausse de la température de la Terre, d'un peu moins d'1°C au cours du siècle passé. Mais il a déclaré que des "points de basculement" seraient atteints si les températures continuaient à augmenter, et notamment des changements ingérables de l'environnement de la Terre.

Molina a expliqué par la suite à Reuters qu'une grande incertitude planait sur le réchauffement que la planète peut encore supporter avant que la situation ne devienne critique.
"La température peut bien changer progressivement, la situation peut changer d'un seul coup, brutalement", a-t-il dit. "Essayer de le maintenir (le réchauffement) sous la barre des deux degrés (Celsius) signifie que nous voulons limiter le changement à deux ou trois fois ce qui s'est déjà produit. Parce qu'un changement moindre est irréaliste, en raison de ce que nous avons déjà fait. "L'idée consistant à contenir le changement climatique en-dessous de 2,5 (°C) vise précisément à réduire la possibilité d'atteindre ces points de basculement."

Il a estimé qu'un réchauffement dépassant ce seuil représenterait "un risque qui n'est pas acceptable pour la société".