AFP - Jeudi 22 mai, 14h55 PARIS (AFP) -

Une équipe de chercheurs français a mis en évidence les effets de la consommation de substances addictives sur certains mécanismes d'apprentissage chez la souris, dans une étude publiée en ligne par la revue scientifique Nature.

Des chercheurs avaient déjà établi que les substances entraînant une dépendance exercent leurs effets addictifs par libération dans le cerveau d'une molécule, la dopamine, libérée en temps normal comme "récompense" suite à une action jugée positive. Le cerveau réagit alors en essayant de "reproduire les conduites" permettant l'obtention de dopamine, ce qui augmente la motivation de l'individu.

L'équipe menée par Jean-Antoine Girault, directeur de recherche à l'Institut national de la santé et de la recherche médicale (INSERM), s'est notamment concentrée sur les mécanismes moléculaires liés à une protéine, la DARPP-32, qui, activée par la dopamine, vient s'accumuler dans le noyau des neurones dans une région du cerveau appelée striatum.

Une telle accumulation de DARPP-32 est également observée chez des souris de laboratoire lorsqu'elles apprennent à passer leur museau dans un trou pour obtenir de la nourriture.

Les chercheurs ont analysé les résultats obtenus avec des souris normales et des souris aux protéines DARPP-32 fonctionnellement désactivées.
Dans un premier temps, ils remarquent que les souris modifiées sont moins sensibles aux drogues injectées (cocaïne, morphine), mettant ainsi en lumière le rôle de la protéine dans le mécanisme d'addiction.
La mutation de la protéine entraîne également une baisse de la motivation des souris pour obtenir de la nourriture, prouvant ainsi que la DARPP-32 joue un rôle dans les mécanismes d'apprentissage et de motivation.

Cette étude permet de mieux comprendre les mécanismes normaux d'apprentissage et leurs "détournements" par les substances addictives, précisent les auteurs de l'étude. Elle ouvre une nouvelle voie de recherche sur le traitement de la dépendance et de certaines maladies mettant en jeu la dopamine.
Une autre perspective, précise le communiqué de presse de l'INSERM, est d'affiner le traitement de la maladie de Parkinson dans laquelle la dopamine joue un rôle majeur.