Par Anne CHAON AFP - Jeudi 19 juin, 19h20 PARIS (AFP) - Source: site de l'INVS

Une étude de l'Institut de veille sanitaire (INVS) conduite dans neuf villes établit clairement le lien entre pollution aux particules et augmentation du nombre de décès, en particulier chez les plus de 65 ans et les personnes souffrant de troubles cardiaques et cardio-vasculaires.

"L'excès de risque de décès est de 2,2% pour une augmentation de 10 microgrammes/m3 des niveaux de particules PM2,5 et PM10", écrit l'Institut. "Pour la première fois, nous avons été capables de quantifier les effets aigüs, c'est-à-dire le jour même ou le lendemain, qui font suite à un épisode de pollution aux particules", explique Agnès Lefranc, coordinatrice de l'étude conduite de 2000 à 2004 à Bordeaux, Lille, Lyon, Marseille, Paris, Rouen, Le Havre, Strasbourg et Toulouse. "C'est un excès de risque relativement faible, par rapport au tabagisme par exemple. Mais si on peut décider ou pas de fumer, ce qui ne concerne qu'une fraction de la population, les 11 millions de citadins des neuf villes étudiées sont exposés aux particules: à moins de s'arrêter de respirer, ils n'ont aucun moyen de les éviter, même enfermés chez eux fenêtres fermées", relève-t-elle.

Les particules PM10 - d'une taille inférieure à 10 microgrammes - et les PM2,5 (moins de 2,5 microgrammes, capables de s'infiltrer profondément dans les voies respiratoires) sont principalement composées de sulfates, nitrates, ammonium, chlorure de soldium, carbone, matières minérales ou eau.
Elles proviennent de multiples sources locales ou très éloignées, comme les véhicules (surtout au diesel), les industries, le chauffage au bois, l'érosion des chaussées ou l'agriculture (engrais et élevage).

L'étude de l'INVS s'est concentrée sur la mortalité liée aux particules à tous âges et sur la population de plus de 65 ans; elle laisse volontairement de côté les très jeunes, compte tenu de leur faible taux de mortalité.
"D'autres études ont cependant montré les effets de la pollution atmosphérique sur la mortalité post-natale, sur la santé respiratoire des enfants et sur la santé du foetus", indique Mme Lefranc. "On montre aussi que la fraction dite grossière de ces particules, d'une taille entre 2,5 et 10 microgrammes, est également liée à la mortalité et devra être prise en compte dans un cadre réglementaire", poursuit-elle.

Seules les PM10 (depuis 2005) et PM2,5 (2008) sont soumises à réglementation européenne: les PM10 ne doivent pas dépasser 50 mg/m3 plus de 35 jours par an et les PM2,5 doivent viser 25 microg/m3 d'ici 2010, date à laquelle cette "valeur cible" deviendra "limite", abaissée à 20 microg en 2015.

Suite au Grenelle de l'environnement, la France a décidé de devancer l'UE: un "plan particules" attendu le 30 juin vise pour les PM2,5 une valeur cible de 15 microg en 2010, obligatoire en 2015, "avec l'idée à terme de se conformer au 10 microgr préconisés par l'OMS" (Organisation mondiale de la santé), a indiqué à l'AFP la secrétaire d'Etat chargée de l'Ecologie, Nathalie Kosciusko-Morizet.
Pour parvenir à ces objectifs, un plan d'action envisagera quatre séries de mesures sur les chauffages domestiques, les industries, les transports (filtres à particules notamment) et l'agriculture, a-t-elle résumé jeudi.

"Il s'agit d'un sujet de santé émergent et de préoccupation majeure avec l'ozone", souligne-t-elle, en rappelant que depuis l'été dernier, une circulaire charge les préfets de déclencher les seuils d'information et d'alerte pour les PM10, respectivement au-delà des 80 et 125 microgr/m3.