Par Aurélie MAYEMBO AFP - Vendredi 20 juin, 14h19 BELLIGNAT (Ain) (AFP) -

Touchée de plein fouet par la hausse des prix du pétrole, dont 4% de la production mondiale sert à la fabrication du plastique, la plasturgie commence à parier sur les biomatériaux comme produit de substitution pour s'affranchir de sa dépendance à l'or noir.
"On essuie les plâtres mais si on ne fait pas cela, on va pleurer", assure Daniel Goujon à la tête de GPack, un groupe d'emballages qui investit dans la recherche et développement sur les matières premières à base de végétaux.

Fort d'un chiffre d'affaires de 43 millions d'euros en 2007, le groupe, situé dans la "Plastic vallée" dans l'Ain, collabore à deux projets industriels sur le plastique bio.
L'idée: fabriquer à moyen terme des barquettes ou des paquets de gâteaux composés à 100% ou partiellement d'amidon de maïs brut ou de blé.
"La hausse du pétrole n'a fait que diminuer nos marges, mais c'est une opportunité écologique. Cela nous permet d'étudier de nouvelles alternatives qui coûtaient jusqu'ici trop cher", plaide M. Goujon.

Sur un an, les prix du pétrole ont doublé. Cette situation a entraîné une hausse de 20-25% de la matière première pour les plasturgistes, les obligeant à répercuter, quand cela est possible, la hausse sur leurs prix.
"Le plastique biodégradable et renouvelable, c'est pour dans 5 ou 10 ans dans l'emballage. On sait le faire théoriquement, mais on ne sait pas encore ce que cela va donner", souligne M. Goujon.

Problèmes d'évaporation, risque de voir l'emballage "mangé" par le végétal ou tout simplement manque de solidité, tout doit être étudié pendant les trois ans des programmes de recherche, sans garantie de succès.
Avec un coût deux à quatre fois plus élevé que les matières premières à base de pétrole, l'utilisation des biomatériaux en est à ses balbutiements et suscite encore des réticences.
"La quasi-totalité des entreprises dans la plasturgie a déjà testé des biomatériaux, notamment le polyacide lactique +PLA+ produit en grande quantité, mais ces produits ne répondent pas toujours aux besoins des industriels", explique Patrick Vuillermoz, délégué général de Plastipolis.

Créé en 2005, ce pôle de compétitivité consacré à la plasturgie rassemble industriels et laboratoires sur une vingtaine de projets d'innovation d'un montant total de 45,5 millions d'euros.
"La plasturgie utilise aujourd'hui des matériaux très développés. Notre cahier des charges prévoit que ces nouveaux matériaux aient des propriétés équivalentes", souligne M. Vuillermoz, en concédant que le coût est important pour des PME et le résultat incertain. "Si on débouche sur une solution, ça peut être une question de survie et de compétitivité pour les entreprises", avance-t-il.

Chez le fabricant de mobilier d'extérieur Grosfillex, on reconnaît que les temps sont durs mais le plastique bio n'est pas encore une option.
"La hausse des matières premières a une incidence très significative sur nos marges, on cherche à diversifier notre approvisionnement" mais "le plastique bio coûte beaucoup trop cher, on n'en est pas encore là", affirme-t-on au sein de ce groupe.