Source: BE France numéro 211 (19/06/2008) - ADIT / ADIT -

Contrairement à de nombreuses roses de jardin, les variétés récentes créées pour le marché de la fleur coupée sont souvent dépourvues de parfum. Celles-ci ont en effet été sélectionnées avant tout sur des critères de productivité et de tenue en vase. Cela dit, depuis quelques années, le parfum bénéficie d'un regain d'intérêt de la part des consommateurs. Aussi le caractère parfumé joue-t-il un rôle de plus en plus important dans le succès commercial d'une nouvelle variété. Mais le parfum se caractérise par une héritabilité complexe. D'où la difficulté à le prendre en compte dans les schémas de sélection actuels. Dans ce contexte, l'étude qu'ont menée des chercheurs de l'INRA et de l'ENS Lyon, en collaboration avec l'Université de Lyon 1 et l'Université Jean Monnet de Saint-Etienne, sur l'origine du parfum de thé caractéristique de nombreuses variétés de roses modernes, s'avère particulièrement intéressante.

Rappelons que les roses modernes sont issues de l'hybridation de roses européennes avec des roses chinoises, dont l'arrivée en Europe à la fin du 18ème siècle a considérablement stimulé la création variétale. L'une des caractéristiques de ces roses chinoises était de renfermer un parfum riche en composés phénoliques comme le diméthoxytoluène (DMT), dont la fragrance subtile rappelle celle du thé. Or ce processus de création variétale à conduit, dans les années 1860, à l'émergence des rosiers modernes à floraison remontante, du printemps à l'automne, baptisés "hybrides de thé", un nom provenant de leur parfum léger riche en DMT hérité des roses chinoises. Précisons que ces "hybrides de thé" ont connu un énorme succès, au point de devenir les roses de jardin les plus répandues au 20ème siècle.

L'étude qui vient d'être menée a permis de comprendre l'origine évolutive de ce fameux parfum de thé. Les dernières étapes de la biosynthèse de ce composé nécessitent l'action successive de deux enzymes très similaires codées par les gènes OOMT1 et OOMT2. Or les travaux menés par les chercheurs montrent que si les 18 espèces de roses sauvages dont ils ont caractérisé les gènes OOMT, possèdent le gène OOMT2, seules les roses chinoises sont porteuses également du gène OOOMT1. Ce gène et le parfum de thé, à l'origine restreints à deux espèces de roses sauvages chinoises, se sont donc transmis au cours du processus de création des roses modernes et se rencontrent aujourd'hui chez des milliers de cultivars présents dans les jardins du monde entier.