AP - Mercredi 20 août, 20h05 PARIS -

Le président de la Commission nationale de l'informatique et des libertés s'inquiète de l'usage que l'on peut faire du bracelet électronique: "le double traçage dans le temps et dans l'espace" que permet cette technique constitue "en matière de liberté individuelle, l'une des évolutions les plus dangereuses de nos sociétés", estime Alex Türk, en soulignant que la CNIL n'a pas les moyens juridiques de s'opposer à de telles évolutions.

Dans un entretien au quotidien "La Croix" de jeudi, il précise que la Commission "peut seulement émettre des préconisations d'usage et veiller au respect des principes de la loi", plaidant pour un durcissement des moyens d'autorisation et de contrôle.

Pour Alex Türk, le bracelet électronique, comme les autres techniques de géolocalisation des personnes et des biens (ordinateurs, télépéage, téléphones mobiles, cartes bancaires, etc), marque un "véritablement changement de civilisation puisque, d'une certaine manière, il n'existe plus de droit à l'oubli". "On se réveillera un jour en se demandant: quelle société a-t-on fabriqué?", prédit-il, observant qu'il revient à la CNIL de "mettre en garde contre les dérives potentielles".

Invité à se prononcer de l'usage du bracelet électronique dans des maternités et des services prenant en charge des malades d'Alzheimer, il considère que le bénéfice de cette technique "semble bien maigre" dans le cas des maternités. "On s'abandonne ainsi à l'idée que la technologie peut remplacer la surveillance humaine. Que se passe-t-il si le système ne fonctionne pas?", s'interroge-t-il.

Pour ce qui est du recours au bracelet pour les personnes atteintes de la maladie d'Alzheimer, Alex Türk juge le cas "plus complexe". Si son usage "ne doit pas être l'occasion de desserrer les liens", la technologie "peut venir en aide aux familles et aux soignants", remarque-t-il. "Tout est en fait une question de seuil, de limite", "tout dépend de l'usage" que l'on fait du bracelet, "l'information et le consentement libre et éclairé constituent une condition sine qua non de l'utilisation" de ce dispositif. AP