AFP - Mercredi 20 août, 21h32 PARIS (AFP) -

La "bonne" graisse qui brûle les calories partage la même origine que nos muscles, selon des recherches qui pourraient déboucher sur de nouveaux traitements de l'obésité.

Les travaux de deux équipes américaines sur cette surprenante découverte sont publiés dans l'édition de jeudi de la revue scientifique britannique Nature.

Même si l'on souhaite souvent en avoir moins, la graisse est essentielle pour maintenir la balance énergétique de notre corps et contribuer à réguler sa température. Il existe deux types de tissus graisseux dont les fonctions diffèrent: la graisse blanche, la "mauvaise" qui stocke l'énergie et la "bonne", la graisse brune qui contribue à brûler les calories.

Yu-Hua Tseng et ses collègues de l'école de médecine de Harvard (Joslin Diabetes Center, Boston, Massachusetts) ont étudié les facteurs qui interviennent dans le développement du tissu graisseux et identifié l'un d'eux, une protéine dénommé BMP7 qui promeut spécifiquement la formation de graisse brune.
Ils montrent qu'en l'absence de ce facteur, le stock de graisse brune chez les embryons de souris demeure bas. En revanche, en induisant artificiellement un excès de cette protéine BMP7, ils ont obtenu plus de graisse brune chez les souris.

Pour leur part, Bruce Spiegelman et ses collègues de l'institut du cancer Dana-Farber (Boston) ont montré que les deux types de graisses se développent à partir de cellules distinctes au cours de la formation du jeune embryon. Ils ont ainsi observé que graisse brune et muscles avaient quelque chose en commun et ont ainsi démontré que la "bonne" graisse pouvait provenir de cellules immatures précurseurs des cellules musculaires.
Ils ont également déterminé qu'un facteur déjà connu et agissant au niveau moléculaire, le "PRDM16" règle l'aiguillage vers la formation de muscles ou de graisse brune. Son excès pousse les précurseurs des cellules musculaires à donner de la "bonne" graisse, mais pas de la mauvaise.

Selon l'équipe du Dana-Farber, chez des adultes, il serait possible de stimuler la production, au sein de la "mauvaise" graisse, de cellules de graisse brune ou de leur équivalent. Des agents inducteurs de graisse brune, comme le BMP7 augmentant la dépense énergétique pourraient offrir un espoir aux personnes génétiquement prédisposées à l'obésité et les maladies associées (diabète, problèmes cardiaques...), avance de son côté Mme Tseng.

En 1551, le naturaliste suisse Konrad Gessner, le premier à décrire la graisse brune, la plaçait "entre chair (muscle) et graisse". 457 ans plus tard la science lui donne raison, souligne Nature.