L'une des premières étapes de la transmission de la mémoire (D'une manière générale, la mémoire est le stockage de l'information. C'est aussi le souvenir d'une information.) d'une cellule à sa descendance, soit la manière dont une cellule transmet ses fonctions et ses caractères lorsqu'elle se divise, vient d'être décrite par le Dr Christian Bronner, chercheur (Un chercheur (fem. chercheuse) désigne une personne dont le métier consiste à faire de la recherche. Il est difficile...) à l'Institut Gilbert-Laustriat "Biomolécules, Biotechnologie (L’OCDE définit les biotechnologies comme "l’application de la science et de la technologie aux organismes...), Innovation thérapeutique" (CNRS/Université Louis Pasteur), en collaboration avec le Dr Sirano Dhe-Paganon (Université de Toronto). Des applications de ces travaux pourraient être envisagées dans le domaine du traitement des cancers. Ces résultats ont été publiés dans la revue Nature, en ligne le 3 septembre 2008.

La mémoire d'une cellule, c'est à dire sa capacité à exprimer un nombre (Un nombre est un concept caractérisant une unité, une collection d'unités ou une fraction d'unité.) bien défini de gènes (1) est liée à la présence de petites modifications appelées méthylations (2), positionnées sur la cytosine (une des bases de l'ADN). Ces méthylations déterminent la nature et les fonctions d'une cellule. Lorsque les cellules se multiplient, elles doivent transmettre ces informations à la descendance en recopiant fidèlement les méthylations de l'ADN au bon endroit.

Dans l'étude publiée dans Nature, les chercheurs ont mis en évidence le rôle de la protéine UHRF1 (3) au cours de la reconstitution des deux brins d'ADN, après une division cellulaire. Les scientifiques montrent comment cette protéine reconnaît les groupements méthyle présents sur les cytosines. Un domaine particulier de cette protéine s'arrange en forme de main, dont deux "doigts" font basculer une cytosine méthylée dans le grand sillon de l'ADN (4), permettant ainsi à la "paume" d'interagir avec le groupement méthyle. Cette propriété unique de UHRF1 lui permet de détecter un état intermédiaire de l'ADN, en l'occurrence l'ADN hémi-méthylé (ADN méthylé uniquement sur l'un des brins). Cet état est l'un des signaux initiateurs de la transmission de la mémoire cellulaire.

Les travaux de C. Bronner et de S. Dhe-Paganon permettent ainsi de mieux comprendre l'une des premières étapes de la duplication de la mémoire d'une cellule et ouvrent des perspectives extraordinaires dans le domaine des connaissances sur l'hérédité. Ces résultats laissent également entrevoir des applications pertinentes dans le domaine du traitement du cancer. Notamment parce que les cellules cancéreuses ont pour objectif de transmettre à la descendance la capacité à garder silencieux les gènes destinés à arrêter leur prolifération. Régulièrement soutenus par la Ligue contre le Cancer, les travaux de Christian Bronner, à l'origine de la découverte du gène codant UHRF1, ont montré depuis plusieurs années que UHRF1 est présente en quantité (La quantité est un terme générique de la métrologie (compte, montant) ; un scalaire, vecteur, nombre...) anormalement élevée dans les cellules cancéreuses. Chercher des molécules empêchant UHRF1 de se servir de sa "main" serait sans conteste une stratégie (La stratégie - du grec stratos qui signifie « armée » et ageîn qui signifie « conduire » -...) intéressante pour trouver des médicaments anti-cancéreux de nouvelle génération.