AFP - PARIS (AFP) -

L'alcool constitue un "facteur de risque important" dans le domaine des violences, confirme une étude menée à l'initiative de la Direction générale de la santé, présentée vendredi.
L'étude, menée par l'Université Pierre Mendès-France de Grenoble, visait à établir le lien entre alcool et violence et améliorer la prévention.

La France se situe au 11ème rang mondial pour la consommation d'alcool (12,9 litres par habitant), avec une forte prédominance masculine (2,8 millions de consommateurs à risque chez les hommes, 500.000 chez les femmes). La consommation excessive d'alcool est à l'origine de 16% des décès masculins.

L'étude "Violence alcool multi-méthode" (VAMM) a été réalisée à l'été 2006 auprès de quelque 2000 personnes du Nord et d'Ile-de-France en utilisant des ordinateurs dans des bus, pour respecter la confidentialité et donc accroître la fiabilité des réponses.
Lorsque les répondants ont été auteurs de bagarre, ils avaient consommé de l'alcool dans 40% des cas, avec un impact d'autant plus important que le niveau d'étude était bas. Les auteurs de destructions et de vandalisme, avaient consommé de l'alcool dans 32% des cas, et dans 20% s'ils étaient auteurs de vols.
Les femmes victimes de coups et blessures (9,6% des femmes participant à l'étude) étaient aussi davantage enclines à boire que les autres et avaient un niveau d'agressivité chronique plus élevé.

Les auteurs de l'étude ont mené une expérimentation après alcoolisation en laboratoire, pour essayer d'établir s'il y avait un lien "causal" entre alcool et violence, ou si ce n'était qu'un "facteur de risque".
Ils ont établi que l'alcool "perturbe le fonctionnement cognitif", tel que l'attention, le raisonnement abstrait, l'organisation des informations, la flexibilité mentale... Il y a donc un effet causal entre alcool et violence, à tout le moins en phase ascendante de l'alcoolémie (effet sédatif en phase descendante), mais le rôle du contexte incitateur est "essentiel", a souligné le Pr Laurent Bègue, responsable de l'étude.
"Lorsqu'on n'est pas provoqué à agresser, l'alcool n'a souvent aucun effet sur l'agression", selon l'étude. La consommation d'alcool joue ainsi le rôle d'"aide planifiée à l'agression".

Comme pistes pour l'action, les auteurs ont évoqué, outre la réduction de la disposition de l'alcool (heures d'ouverture des débits, prix...), la possibilité de délégitimer l'idée, courante, que l'alcool serait une excuse aux conduites transgressives.