Par Véronique MARTINACHE AFP - Mercredi 1 octobre, 13h10 PARIS (AFP) -

Serons-nous bientôt guéris avant même d'avoir été malades ? Au moment où explose sur internet le marché des tests génétiques, la Cité des Sciences et de l'industrie à Paris consacre jusqu'au 8 février 2009 une exposition à la médecine prédictive.

Elle vise à prédire l'apparition d'une maladie avant les premiers symptômes, au risque de faire peser une épée de Damoclès sur la vie quotidienne des individus.

"C'est une exposition qui pose des questions", explique Alain Labouze, commissaire de l'exposition. Par le biais de panneaux de textes et d'interviews de scientifiques et d'experts, cette expo-dossier dresse un état des lieux et aborde les multiples problèmes que peuvent poser les avancées scientifiques dans ce domaine.
Elle présente aussi trois reportages filmés : dans le service d'urologie de l'hôpital Tenon à Paris, qui traque les vulnérabilités génétiques associées à un risque accru de cancer de la prostate. Dans le centre de diagnostic préimplantatoire (DPI) de Schiltigheim, près de Strasbourg. Et dans les hauts-lieux des tests génétiques aux Etats-Unis, notamment l'entreprise 23andme (23 paires de chromosomes et moi).

Va-t-on vers la disparition de certaines maladies graves ? Les tests génétiques sur internet sont-ils fiables ? Faut-il étendre l'usage du diagnostic préimplantatoire ? Que penser des tests de dépistage du cancer de la prostate ?

Des questions complexes qui prennent une dimension particulière au moment où la France s'engage dans la révision de sa loi de bioéthique et alors qu'internet permet de contourner aisément les gardes-fous imposés dans certains pays.
"Penser que l'avenir peut être vu dans les gènes comme dans le marc de café est une fiction", estime le Pr Didier Sicard, président d'honneur du Comité consultatif national d'éthique.

Sur les tests génétiques que tout un chacun peut se procurer en kits (moyennant plusieurs centaines d'euros) sur internet, la généticienne Ségolène Aymé ne mâche pas ses mots : "beaucoup des tests qui sont actuellement proposés sont de l'arnaque". Pour la responsable de la plateforme Orphanet, les problèmes que pose cette "génétique récréative" ne relèvent pas tant de l'éthique que de la "protection du consommateur". "On n'a pas besoin de la génétique pour connaître son terrain familial", ironise-t-elle. Elle souligne que "les gènes d'une personne sont en interaction entre eux et avec son environnement" et qu'une "prédiction statistique" mérite des précautions d'interprétation.
Pour cette spécialiste des maladies rares, "la médecine doit prendre dans les progrès de la science ce qui est réellement utile pour les populations". Elle cite les apports "énormes" de la génétique dans la lutte contre les maladies monogéniques, c'est-à-dire dues à des mutations d'un seul gène.

"Médecine prédictive : l'explosion" - Exposition de Science actualités à la Cité des sciences et de l'industrie - Du mardi 30 septembre 2008 au 8 février 2009. Tarifs : 8 et 6 euros.