Une analyse du génome de l'adénocarcinome du poumon, le cancer du poumon le plus fréquent, a permis d'identifier de nouveaux gènes mutants, ce qui devrait conduire à des diagnostics et traitements plus individualisés, selon une étude publiée mercredi par la revue britannique Nature.

Le cancer du poumon est celui qui fait le plus de victimes, avec plus d'un million de morts par an dans le monde. L'adénocarcinome concerne 40% des malades.

Dans le cadre du "Projet de séquençage de la tumeur", une équipe conduite par Richard Wilson, de l'école de médecine de l'université Washington à St Louis (Missouri, Etats-Unis) a examiné chez 188 patients les mutations génétiques associées à ce cancer.

Ils ont séquencé 623 gènes ayant des liens connus ou possibles avec la maladie et les ont comparés avec les mêmes gènes dans des tissus sains. Ils ont pu ainsi en identifier 26 régulièrement modifiés dans les tissus malades.

Parmi ces gènes modifiés, le NF1, à l'origine de la neurofibromatose, une maladie génétique rare caractérisée par la croissance de tissus dans le système nerveux, l'ATM, que l'on peut retrouver dans certaines leucémies ou lymphomes, le RB1, lié au rétinoblastome, l'APC, fréquemment associé au cancer du colon...

Cette découverte multiplie par plus de deux le nombre de gènes que l'on peut associer au cancer du poumon.

Les chercheurs ont pu noter aussi que certains gènes sont également modifiés dans d'autres cancers et que les malades fumeurs ont des défauts génétiques différents de ceux des malades non-fumeurs, et en plus grand nombre.

"Cette approche génomique nous a donné une vue complètement différente du cancer du poumon", a commenté Richard Wilson. Cette carte des zones perturbées par ce cancer devrait permettre selon lui de "catégoriser les tumeurs de façon plus précise", et par voie de conséquence aider à mettre au point des thérapies "mieux ciblées".

Il apparaît aussi que certains de ces cancers du poumon pourraient être traités avec des chimiothérapies utilisées pour d'autres cancers, comme la rapamycine (nom commercial de cet immunosuppresseur : Sirolimus), utilisée en cas de cancer rénal avec métastases ou dans le cadre des greffes d'organes.

L'adénocarcinome est un des cancers du poumon les plus difficiles à traiter, avec seulement 15% de survivants cinq ans après le diagnostic.