Reuters - Alister Doyle - Version française Guy Kerivel

D'ici 2090, le monde pourrait se passer des carburants d'origine fossile en consacrant des milliers de milliards de dollars à une "révolution" qui imposerait les énergies renouvelables, affirment Greenpeace et le Conseil européen de l'énergie renouvelable (EREC).

Dans une étude de 210 pages rendue publique lundi, le groupe de défense de l'environnement et l'ONG qui réunit depuis huit ans des associations industrielles et commerciales, examinent en détails les moyens de modifier les sources d'énergie pour combattre les émissions de gaz à effet de serre (GES).

"D'ici 2090, l'énergie renouvelable pourrait couvrir tous les besoins de la planète", affirme cette étude intitulée "Energy (R)evolution".

Des mesures encore plus radicales permettraient même d'abandonner le charbon dès 2050 si les nouvelles centrales adoptaient rapidement les énergies renouvelables.

L'énergie solaire, la biomasse - les matières organiques susceptibles d'être des sources d'énergie -, les énergies géothermique ou éolienne pourraient donc être imposées d'ici la fin du siècle pour enrayer le réchauffement climatique.

Jusqu'en 2030, période sur laquelle se concentre tout particulièrement l'étude, il faudrait consacrer 14,7 billions de dollars (un billion = mille milliards) à cette révolution énergétique.

L'Agence internationale de l'énergie (AIE), qui conseille les nations industrielles, évalue, elle, les investissements mondiaux dans le domaine énergétique à 11,3 trillions de dollars jusqu'en 2030, en mettant toujours l'accent sur les énergies fossiles et le nucléaire.

UN TRAVAIL "RIGOUREUX"

Rajendra Pachauri, qui dirige le GIEC (Groupe intergouvernemental d'experts sur l'évolution du climat), organisme mis en place par l'Onu et qui a reçu le prix Nobel de la paix en 2007 avec Al Gore, juge dans la préface de cette étude que les travaux menés par Greenpeace et l'EREC sont "exhaustifs et rigoureux".

"Même ceux qui ne sont pas d'accord avec l'analyse présentée trouveraient peut-être intérêt à étudier de près les hypothèses sous-jacentes" contenues dans ce rapport, ajoute-t-il.

L'EREC et Greenpeace soulignent la nécessité de cette révolution "verte" face aux menaces que représente le réchauffement climatique qui s'est traduit, selon l'Union européenne et de nombreux groupes écologistes, par une hausse de 2°C de la température depuis le début de la révolution industrielle.

L'étude préconise notamment la disparition progressive des subventions aux carburants fossiles et à l'énergie nucléaire, l'extension du système de "cap and trade", sorte de "bourse aux émissions" de GES, l'instauration d'objectifs contraignants pour le développement des énergies renouvelables, ainsi que des règles plus strictes dans la construction des voitures et des immeubles.

L'étude précise que le marché des énergies renouvelables a presque doublé entre 2006 et 2007, à plus de 70 milliards de dollars. Ces sources d'énergie pourraient représenter en 2030 environ 30% de la production d'énergie, plus du double qu'aujourd'hui, et 50% en 2050.

L'AIE, elle, est moins optimiste, ne tablant que sur 13% du marché pour les énergies renouvelables en 2030.

Pour Sven Teske, responsable de Greenpeace et l'un des principaux rédacteurs de ce rapport, la priorité donnée à l'énergie renouvelable pourrait conduire à la création de nombreux emplois, un argument de poids alors que le monde traverse sa crise financière la plus grave depuis les années 1930.