AP - Jeudi 6 novembre, 14h31 Sur internet: PNAS

Les femmes ont sur les mains une plus grande variété de bactéries que les hommes, selon une étude publiée cette semaine aux Etats-Unis. Et les chercheurs ont trouvé, quel que soit le sexe, une bien plus vaste diversité que ce à quoi qu'ils s'attendaient.

"Ce qui est vraiment étonnant, ce sont les variations entre les individus et aussi entre les deux mains de chaque personne", note Rob Knight, l'un des auteurs de cette étude. "Le nombre même de types de bactéries détectées sur les mains des participants a été une grosse surprise, tout comme la plus grande diversité de bactéries trouvée sur les mains des femmes", relève le directeur de l'étude, Noah Fierer.

Les deux hommes sont professeurs assistants à l'université du Colorado, le premier en biochimie, le second en écologie et biologie de l'évolution. Ils ne s'expliquent pas avec certitude cette différence entre les sexes, avançant l'hypothèse que cela pourrait être lié au fait que les hommes ont la peau plus acide que les femmes.

Rob Knight évoque d'autres facteurs qui pourraient jouer un rôle: la transpiration, les hormones, la production des glandes sébacées, l'épaisseur de la peau, la fréquence d'application des crèmes hydratantes et autres cosmétiques.

Selon lui, les femmes pourraient aussi avoir davantage de bactéries sous-cutanées, plus difficiles à laver. Quant à savoir si les garçons devraient s'abstenir de tenir les filles par la main, il estime que "ça dépend de la fille"...

"La vaste majorité des bactéries que nous avons sur le corps sont soit inoffensives soit bénéfiques", rappelle Rob Knight. "Les bactéries pathogènes constituent une infime minorité".

Pour l'étude, les chercheurs ont réalisé des prélèvements sur les paumes de 51 étudiants, soit 102 mains. Ils ont analysé les échantillons grâce à un nouveau système capable de détecter l'ADN des bactéries.

Ils ont identifié en tout 4.742 types de bactéries mais seulement 5% de ces bactéries étaient présentes sur toutes les mains. Chaque paume abritait en moyenne 150 types de bactéries, selon leur étude publiée lundi dans l'édition en ligne des Comptes Rendus de l'Académie nationale des Sciences.

Non seulement les types de bactéries sont très rarement les mêmes d'un individu à un autre, mais aussi d'une main à l'autre. Sur une même personne, la main gauche et la main droite n'ont que 17% de types de bactéries en commun.

Divers facteurs pourraient expliquer la différence entre la main dominante (la droite chez les droitiers, la gauche chez les gauchers) et l'autre main: la production sébacée, la salinité, l'hydratation ou encore les surfaces touchées par l'individu, souligne M. Fierer.

Pour en savoir plus, les chercheurs aimeraient répéter l'expérience dans d'autres pays, où à chaque main correspondent des tâches spécifiques.

Leur étude a identifié les différents types mais pas le nombre total de bactéries sur chaque paume. Tout en rappelant l'importance de se laver régulièrement les mains, MM. Fierer et Knight ont remarqué que cette opération d'hygiène ne suffisait pas pour éliminer toutes les bactéries, en tout cas pas de la façon dont les étudiants-cobayes l'ont fait.