A faible concentration, le sulfure d'hydrogène, un gaz toxique malodorant, est efficace pour empêcher des défaillances cardiaques chez des souris, une découverte qui pourrait avoir des applications chez les humains, selon une recherche publiée mardi.

Surtout connu pour son odeur d'oeuf pourri, ce gaz peut représenter un danger mortel pour des mineurs ou des ouvriers travaillant dans des égouts.

Cette recherche a été notamment financée par les Instituts Nationaux de la Santé (NIH) et l'American Diabetes Association. Ces travaux ont été présentés à la conférence annuelle de l'American Heart Association, réunie depuis ce week-end à La Nouvelle-Orléans (Louisiane, sud).

Des scientifiques ont récemment découvert que des enzymes présents dans le corps humain et chez les mammifères en général produisent du sulfure d'hydrogène en très petites quantités mais avec de multiples effets physiologiques bénéfiques.

Ce gaz joue ainsi un rôle pour régler la tension artérielle et atténuer l'inflammation, explique le Dr David Lefer, professeur de chirurgie à la faculté de médecine de l'Université Emory à Atlanta (Géorgie, sud), le principal auteur de cette étude.

Le sulfure d'hydrogène paraît stimuler les cellules du tissu cardiaque pour produire leurs propres anti-oxydants et molécules neutralisant le processus d'autodestruction cellulaire déclenché par la perte d'irrigation sanguine.

Pour tester les effets de ce gaz sur le coeur, ses auteurs ont créé un modèle de défaillance cardiaque chez des souris en bloquant temporairement ou définitivement leurs artères coronaires, provoquant la mort d'une partie de leur muscle cardiaque.

Une partie de ces souris a ensuite été traitée avec une solution de sulfure d'hydrogène par intraveineuse une fois par jour pendant une semaine. Quatre semaines après, les auteurs de la recherche ont mesuré la capacité cardiaque des deux groupes de souris à l'aide d'une mesure dite "fraction d'éjection". Les animaux traités avec le sulfure d'hydrogène avaient une fraction d'ejection 33% plus grande que ceux du groupe de contrôle (36% contre 27%), ont précisé ces chercheurs.

"Nos travaux montrent que le sulfure d'hydrogène peut nettement minimiser l'impact de la défaillance cardiaque sur le fonctionnement du coeur et la mortalité des souris modèles dans cette expérience", a souligné le Dr John Calvert, de l'Université Emory, co-auteur de cette recherche.

La défaillance cardiaque, une des principale cause d'hospitalisation des personnes âgées, résulte de l'incapacité du muscle cardiaque à pomper suffisamment de sang pour satisfaire les besoins de l'organisme.

Un infarctus du myocarde, l'obésité, le diabète et l'hypertension artérielle sont les facteurs qui contribuent le plus souvent à la défaillance cardiaque.