Source: BE Etats-Unis numéro 141 (10/11/2008) - Ambassade de France aux Etats-Unis / ADIT -

Selon de récents rapports de l'Organisation Mondiale de la Santé, plus de 1 milliard de personnes dans le monde souffrent de surpoids ou d'obésité, la plupart étant issues des pays développés. Aux Etats-Unis, la National Health and Nutrition Examination Survey a mis en évidence qu'en 2003-2004, 66% des adultes de plus de 20 ans étaient concernés, et le Journal of The American Medical Association parle en 2006 de quasiment 4 américains (hommes) sur 5 âgés de 40 à 59 ans en surpoids.

Alors que les traitements non chirurgicaux s'avèrent modérément efficaces pour lutter contre l'obésité, la perte ou le gain de poids peuvent être modulés par la ghréline, une hormone gastrique régulant l'appétit, et relâchée par le corps pour encourager l'alimentation pendant les périodes de restriction calorique. Des études récentes suggèrent que des souris déficientes en ghréline ou en son récepteur stockent moins la nourriture consommée et ne sont plus sujettes à l'obésité induite par l'alimentation. De plus, des petites molécules antagonistes du récepteur de la ghréline induisent une réduction de la prise de nourriture et favorisent une perte de poids sélective. Ces types de médicaments n'ont cependant pas fait complètement leurs preuves: leur efficacité est avérée tant que le traitement est maintenu et dès que celui-ci est interrompu, la prise de poids redémarre. Idéalement, pour qu'un traitement fonctionne, il faudrait qu'il puisse cibler à la fois la prise de nourriture ainsi que la consommation et le stockage de l'énergie.

La découverte récemment faite par des scientifiques du Scripps Research Institute irait dans ce sens grâce à la mise en évidence d'un anticorps catalytique capable de dégrader la ghréline. Malgré un faible niveau d'efficacité catalytique, cet anticorps GHR-11E11 permet une modulation efficace du comportement alimentaire, un plus fort taux de métabolisation et une suppression du besoin de s'alimenter étant observé chez les souris à jeun même après 24h de privation. Cette nouvelle étude suggère donc la possibilité qu'une immuno-pharmacothérapie passive utilisant un anticorps catalytique anti-ghréline tel que le GHR-11E11 pourrait décroitre le niveau de ghréline sérique et permettre aux patients d'atteindre et de maintenir leurs objectifs de perte de poids.

L'organisme produisant naturellement des anticorps contre cette molécule, on peut penser que les effets secondaires potentiels dus à l'élimination d'une hormone endogène seront mineurs voire inexistants. De plus, une telle approche immunothérapeutique contre la ghréline présente l'avantage d'éliminer les effets secondaires dus au passage de la barrière hémato-encéphalique, notamment lors de l'utilisation de molécules antagonistes.

N'oublions pas cependant qu'étant donné la nature complexe des mécanismes responsables de l'obésité, tout traitement par anticorps devra être utilisé en combinaison avec d'autres médicaments et devra également être accompagné d'exercices physiques, d'un suivi nutritionnel, éducationnel et psychologique.