Le monde s'urbanise en masse, pourtant certaines villes se vident de leurs habitants. Dans les pays développés, le phénomène est connu. De 1990 à 2000, 40 % des villes du Nord - 20 % en Amérique du Nord, 25 % au Japon, 50 % en Europe ! - ont perdu de la population, souligne l'ONU-Habitat dans son rapport 2008-2009. Dans ces pays déjà urbanisés, les villes subissent l'effet d'une démographie en berne, comme l'illustre l'Europe de l'Est : d'ici à 2050, la Pologne devrait perdre 20 % de sa population, la Bulgarie 35 %, l'Ukraine 33 %. Autres explications : la désaffection des petites villes pour les métropoles plus riches en opportunités ainsi que l'abandon des centres-villes pour des banlieues jugées plus sûres, moins chères et plus vertes.

Plus surprenant, le phénomène gagne les pays en développement. Victimes d'un repli économique ou d'un environnement dégradé, des villes sont abandonnées pour d'autres offrant davantage d'emplois, de services, d'infrastructures. Mais le déclin peut aussi survenir dans des régions prospères. Cette tendance "pourrait révéler un phénomène de cycle de vie urbain", avance l'ONU : "Un signe d'une nouvelle ère, où l'impulsion initiale d'urbanisation forcenée laisse la place à un processus plus complexe et ambivalent."