Source: CNRS Le système immunitaire du ténébrion meunier, un insecte coléoptère, neutralise en moins d'une heure la plupart des bactéries infectant son hémolymphe, l'équivalent du sang des vertébrés, chose possible grâce à un ensemble de cellules et d'enzymes prêtes à l'emploi. Les bactéries résistantes à ce premier front de défenses sont ensuite prises en charge par des peptides antimicrobiens, sorte d'antibiotiques naturels, qui freinent leur multiplication. Mieux comprendre ces derniers acteurs de l'immunité des insectes permettrait d'élaborer des traitements évitant le développement de résistance aux médicaments. C'est ce que montrent les résultats d'une étude menée par l'équipe écologie évolutive du laboratoire Biogéosciences (CNRS/Université de Bourgogne à Dijon) en collaboration avec des chercheurs anglais, à paraître dans le prochain numéro de Science. Les microbes ont une grande capacité d'adaptation aux nombreuses stratégies mises en oeuvre pour les détruire. Or, depuis près de 400 millions d'années, le système immunitaire des animaux, et notamment celui relativement simple des insectes, semble avoir réussi à éviter l'évolution de la résistance microbienne. Son secret: une petite boîte à outils personnalisée d'antibiotiques naturels, des peptides antimicrobiens. Les chercheurs ont ici montré que la première ligne de défenses cellulaires et enzymatiques du système immunitaire de l'insecte, dites constitutives, épargne un petit nombre de bactéries et favorise alors le développement de résistance chez les microbes. Cependant, une seconde ligne de défenses impliquant des peptides antimicrobiens synthétisés ultérieurement à l'élimination de la majeure partie des bactéries par le premier front de défenses permet de contenir la croissance de ces microbes persistants, ce qui peut mener à leur élimination. Ainsi, la fonction principale des peptides antimicrobiens produits par le système immunitaire des insectes est de prévenir la recrudescence des microbes réfractaires aux défenses constitutives de l'hôte et permettrait, par conséquent, de réduire l'émergence de microbes résistants.