Lundi 8 décembre, 20h29

Le vaccin expérimental contre le paludisme mis au point par le laboratoire britannique GlaxoSmithKline (GSK) a pu réduire de 65% à 53% la maladie et les épisodes de crise chez des enfants lors de deux essais cliniques effectués en Afrique, selon des études publiées lundi.

"Il s'agit du premier vaccin possible contre le paludisme qui montre une protection importante dans des études cliniques menées en laboratoire et sur le terrain", écrivent William Collins et John Barnwell dans le New England Journal of Medicine, qui publie les deux études. "Il s'agit d'un début vraiment encourageant", ajoutent-ils.

La première étude a été menée auprès de 340 enfants de moins d'un an en Tanzanie. Elle a montré une baisse de 65% du nombre d'infections, ainsi qu'une baisse de 59% des épisodes de paludisme après une infection, au-delà d'une période de six mois.

Cette étude visait aussi a déterminer si le vaccin contre le paludisme perturbait la réponse immunitaire à une série de vaccins administrés aux enfants à huit, 12 et 16 semaines de vie.

Les enfants participants à l'étude ont reçu les vaccins habituels, mais seule une moitié a reçu en plus le vaccin contre le paludisme, tandis que l'autre moitié recevait un vaccin contre l'hépatite B.

Les chercheurs ont conclu qu'il était plus sûr d'administrer le vaccin contre le paludisme, appelé RTS,S/AS02, en même temps que les autres vaccins recommandés par l'Organisation mondiale de la santé (OMS).

"Ce résultat montre qu'il sera possible d'administrer le RTS,S avec les autres vaccins habituels destinés aux enfants, rendant son utilisation plus facile et moins coûteuse dans les zones endémiques", expliquent William Collins et John Barnwell.

La deuxième étude, menée auprès de 894 enfants âgés de cinq à 17 mois au Kenya, était destinée à mesurer l'efficacité et la sûreté du vaccin en utilisant un adjuvant, censé améliorer la réponse immunitaire au vaccin. La moitié des enfants ont été vaccinés contre le paludisme, tandis que l'autre moitié était vaccinée contre la rage. L'étude a montré que les épisodes de paludisme diminuaient de 53% sur une période moyenne de plus de huit mois.

Des études antérieures réalisées au Mozambique et utilisant un autre adjuvant avaient montré une baisse de 35% des épisodes de paludisme sur une période de 18 mois.

Le vaccin a été mis au point par GSK à la fin des années 1980 et testé sur des volontaires aux Etats-Unis, avant que le laboratoire pharmaceutique mette en place en 2001 un partenariat avec l'ONG Initiative Vaccin contre le Paludisme (MVI) afin de le tester sur des enfants africains.

Au début de l'année prochaine, dans sept pays d'Afrique, doit débuter la phase finale des essais cliniques, la dernière avant une demande d'homologation auprès des autorités, afin de confirmer et d'évaluer l'efficacité du vaccin.

"Nous sommes plus près que jamais de la mise au point d'un vaccin contre le paludisme pour les enfants en Afrique", a dit Christain Loucq, directeur de MVI. "L'histoire a montré que les vaccins sont l'outil le plus puissant pour maîtriser et éliminer les maladies infectieuses. Manifestement, le monde a besoin de façon urgente d'un vaccin efficace et sûr pour gagner la guerre contre cette terrible maladie", ajoute-il.

Le paludisme est dû à un parasite transmis par un moustique, l'anophèle femelle. Environ 250 millions de cas de paludisme ont été recensés depuis plus de 70 ans, tandis que chaque année environ un million de personnes en meurent.