Mardi 9 décembre, 06h19 - Franck Mée

Le plastique, c'est du pétrole. Le raccourci est brutal, partiellement abusif, mais pas dénué de fondement : la plupart des plastiques utilisés dans notre vie quotidienne sont des dérivés pétroliers.

Cependant, la recherche fait rage pour éliminer le pétrole de la chaîne de fabrication. On sait ainsi générer certains plastiques à partir de méthanol, lui-même issu de l'agriculture (et qui peut également remplacer le pétrole dans le réservoir des voitures, selon le principe des «agrocarburants»). Pour l'instant, cette solution est trop coûteuse et peu employée mais, techniquement, c'est au point.

Désormais, c'est le matériau connu sous le nom de Plexiglas (en fait une marque, le vrai nom étant polyméthacrylate de méthyle) que des chercheurs de l'université de Duisburg-Essen et du Centre de recherches Helmotz sur l'environnement ont réussi à produire sans pétrole. Pour ce faire, ils se sont appuyés sur une enzyme capable de transformer sucres ou alcools en méthacrylate de méthyle, duquel est issu le Plexiglas.

La société Evonik, propriétaire de la marque Plexiglas, s'est dite intéressée par ces travaux, dont l'industrialisation ne poserait apparemment pas de problème.

Dans le domaine qui nous intéresse, les applications sont nombreuses : les nouvelles technologies utilisent les verres synthétiques en quantité. Les écrans d'ordinateurs, de téléviseurs, de cadres photo sont ainsi couvertes de Plexiglas. Les appareils photo ou, plus précisément, leurs objectifs y recourent également souvent, le verre étant plus lourd et plus cher.

Nous avons même vu passer des produits dont la coque était en Plexiglas. Les téléviseurs Philips ou Samsung de cet été, par exemple, arborent une coque transparente du plus joyeux ou déplorable effet (selon vos goûts) ; Philips en joue pour l'éclairage d'ambiance.

À l'heure où le prix du pétrole, bien que désormais retombé, demeure un sujet d'inquiétude perpétuelle, cette nouvelle façon de fabriquer du Plexiglas peut être une bonne nouvelle pour les constructeurs.

Cela ne va en revanche pas rassurer ceux qui estiment que l'agriculture doit être avant tout vivrière, et que le partage des surfaces cultivées au profit des agrocarburants et des bioplastiques risque d'entraîner une pénurie alimentaire.