Samedi 27 décembre, 14h50

En Savoie, sur soixante stations de ski (qui totalisent 46 % des recettes des exploitants de remontées mécaniques en France), quarante-neuf sont équipées en installations de neige de culture. Les retenues "collinaires" - ou retenues d'altitude - d'une capacité moyenne de 65 000 m3, concernent vingt-neuf sites.

La plus importante à ce jour, en Europe, est celle d'Arc 2000 : première à être classée "grand barrage", avec ses 400 000 m3, elle a été mise en eau cet automne. Les projets en cours portent sur des volumes élevés, en moyenne 135 000 m3. Pour chacun de ces dossiers, l'impact sur le milieu naturel est évalué, mais les conséquences sur les ressources en eau, les ruissellements de surface et le maintien des zones humides commencent tout juste à être pris en compte.

C'est ainsi qu'aux Saisies, dans le massif du Beaufortin, le site d'une retenue de 58 000 m3 récemment mise en service a été déplacé, afin de ne pas noyer une tourbière de 290 hectares classée en zone "Natura 2000". "L'impact n'était pas négligeable", explique Michel Frison-Roche, directeur de la régie des Saisies, qui note que la solution a pu être trouvée grâce une "volonté de discuter" entre les administrations et la régie.

Mais la connaissance des enjeux n'entraîne pas systématiquement une mesure de protection. En 2003, la station de Morzine-Avoriaz (Haute-Savoie) a construit sa retenue de 80 000 m3 sur une zone humide. "Nous avions adressé un courrier au maire pour lui signaler l'existence de cette zone humide de 11 200 m2, indique Bernard Bal, chargé de mission à l'association Asters, conservatoire d'espaces naturels de Haute-Savoie. Certes, ce n'était pas un haut lieu de biodiversité, mais il s'agissait d'une belle zone, avec des espèces typiques."

RETENUE COLLINAIRE
Autre cas de destruction : le lac de la Vieille, à Valloire, vidé pour construire, en 2007, une retenue de 240 000 m3 sur 2,5 hectares, ce qui provoque la colère de Christophe Roulier, de la Fédération Rhône-Alpes de protection de la nature (Frapna) : "Une retenue collinaire est un milieu biologiquement mort. Sur ce dossier, deux arrêtés de biotopes ont été pris sur des zones humides à l'intérieur de la station : ce ne sont pas des mesures compensatoires !"

"Aujourd'hui, on connaît les impacts directs sur les zones humides, par les drainages ou par les inondations, mais les impacts indirects sur les zones situées en aval ne sont pas recherchés", note Xavier Gayte, directeur du Conservatoire du patrimoine naturel de la Savoie. Une lacune qui pourrait être comblée par une recherche doctorale menée par Pierre Paccard, de l'université de Savoie, qui s'intéresse pour la première fois aux interférences hydrologiques possibles entre zones humides et retenues.

Par ailleurs, un guide technique abordant la question des impacts environnementaux de ces barrages d'altitude sera publié, début janvier, par le centre d'Aix-en-Provence (Bouches-du-Rhône) du Cemagref (Institut de recherche pour l'ingénierie de l'agriculture et de l'environnement), à l'intention des maîtres d'ouvrage et des services de l'Etat.