Des chercheurs japonais ont affirmé jeudi avoir découvert un gène responsable de la présence de nicotine dans les feuilles de tabac, une avancée scientifique qui pourrait déboucher un jour sur la production de cigarettes sans nicotine.

On savait déjà que le tabac sécrète de la nicotine dans ses racines qui est ensuite transportée vers ses feuilles, mais c'est la première fois qu'un gène à l'origine de ce transfert est identifié, a souligné l'un des chercheurs. Les experts à l'Institut de recherche de l'Université de Kyoto (ouest), qui ont conduit des expériences conjointes avec des homologues de l'Université de Gand en Belgique, ont baptisé ce gène Nt-JAT1.

Leur découverte "ouvre la possibilité de développer une variété de tabac qui ne stockerait pas de nicotine dans ses feuilles", a estimé dans un communiqué l'équipe nippone conduite par le professeur Kazufumi Yazaki. "Cela permettrait aux fumeurs de stopper leur accoutumance à la nicotine sans recourir à des produits antitabac", a-t-elle ajouté.

La mise au jour de ce gène peut également ouvrir de nouvelles pistes dans les domaines médicaux et agricoles, a souligné Nobukazu Shitan, professeur assistant et membre de l'équipe.

"Les cigarettes avec peu de nicotine risquent certes de ne pas bien se vendre, mais la faculté de transport de ce gène peut aussi servir à véhiculer dans les plantes des substances (de nature similaire) utilisables comme médicaments (!?!)", a-t-il dit à l'AFP.

Les effets psychoactifs du tabac proviennent de la nicotine, molécule qui appartient à la famille des alcaloïdes, une forme de composés azotés produits par les plantes. Or, de nombreux alcaloïdes sont utilisés dans des traitements de cancers (poumon, sein). Le gène Nt-JAT1, qui favorise la présence de nicotine dans les feuilles, pourrait dès lors permettre d'augmenter celle d'alcaloïdes utiles dans les plantes, a ajouté le chercheur.

Reste que plusieurs autres gènes sont supposés intervenir dans le transport de la nicotine dans le tabac, mais les recherches à leur sujet ne sont pas encore terminées, a précisé le professeur Shitan.