Faire un régime peut améliorer la mémoire des sujets âgés. Une équipe allemande de l'université de Münster en rapporte la première démonstration dans une étude publiée, mardi 27 janvier, dans les Annales de l'Académie nationale américaine des sciences (PNAS). Les performances à des tests de mémoire verbaux étaient améliorées en moyenne de 20 % dans un groupe ayant pratiqué trois mois d'un régime où l'apport calorique était diminué de 30 %.

Des études expérimentales, notamment sur un ver et sur une levure, avaient déjà montré un lien entre une restriction de l'apport calorique et un accroissement de la longévité. Les habitants d'Okinawa, au Japon, dont le régime habituel restreint le nombre de calories, présentent un accroissement de la longévité et vieillissent en meilleure santé que d'autres groupes de population. Plusieurs publications ont montré les effets positifs sur le vieillissement cérébral d'une diète calorique, mais aussi de l'absorption de divers nutriments dont les acides gras insaturés, tels qu'on les trouve dans les huiles d'olive et de colza (oméga 3, oméga 6...).

L'équipe d'Anges Flöel a donc testé les effets respectifs de la restriction calorique et d'un régime plus riche en acides gras insaturés sur 50 sujets en bonne santé âgés de 50 à 80 ans, dont 29 femmes, et ayant un poids allant du normal au surpoids. Les participants devaient eux-mêmes contrôler leur régime. Ces derniers ont été répartis en trois groupes : restriction calorique de 30 %, accroissement de 20 % de la proportion d'acides gras insaturés à quantité totale de lipides identique et, enfin, un groupe de contrôle dont l'alimentation n'était pas modifiée.

Lors de tests de mémoire verbaux, seuls les sujets du premier groupe ont vu leur score progresser significativement, de 20 % par rapport à l'entrée dans l'étude trois mois auparavant. De manière surprenante, il n'y a pas eu d'amélioration dans le deuxième groupe, alors que les acides gras insaturés sont réputés apporter des bénéfices au plan cérébral. Pour l'expliquer, les chercheurs envisagent l'hypothèse d'un mauvais respect des recommandations par les participants.

"Ces résultats sont d'autant plus convaincants qu'ils s'accompagnent de la modification de paramètres biologiques d'inflammation et de sécrétion d'insuline associée à l'amélioration des tests neuropsychologiques, estime le professeur Jean-François Dartigues, neurologue et épidémiologiste (Isped, université Bordeaux 2).

Pour les auteurs, "les mécanismes sous-tendant ces améliorations pourraient inclure une plasticité accrue des synapses (des neurones cérébraux) et une stimulation des voies de signalisation facilitant la transmission nerveuse dans le cerveau".

Pour le professeur Dartigues, "même s'ils doivent être confirmés, ces résultats sont intéressants et prometteurs. Ils montrent qu'il est possible de changer les habitudes alimentaires de sujets aux alentours de l'âge de la retraite, par un "coaching diététique". Et que ces sujets normaux, mais souvent en surpoids, peuvent bénéficier d'une amélioration des performances de mémoire liée à cette restriction calorique".