Par Hubert Guillaud le 05/02/09

Pachube (prononcez patch bay) peut paraître un projet un peu fou. Il est conçu comme un service web qui vous permet de connecter et partager en temps réel les données d’un capteur, quel qu’il soit. L’idée de Pachube est de faciliter l’interaction entre les environnements physiques et virtuels, les données d’un capteur physique pouvant alimenter un site web ou un objet dans Second Life et inversement.

Ainsi, Pachube permet d’encastrer des données dans une page web à la manière d’un widget, que ce soit pour y donner accès ou pour transformer un blog en capteur de données. Pachube peut également être utilisé pour faciliter les connexions multiples à un capteur et permet aussi à ses utilisateurs (et plus encore à leurs objets) de se brancher à n’importe quel autre projet. Une solution qui permet donc de faire dialoguer simplement deux objets entre eux. Comme l’explique avec humour Putting People First, Pachube est un “peu comme YouTube, si ce n’est que plutôt que de partager des vidéos, Pachube permet aux gens de partager et contrôler des données temps réel de capteurs connectés à l’internet”.

Comprendre comment l’espace est programmé
Tish Shute, d’Ugotrade, vient de publier une longue interview de Usman Haque, l’architecte et fondateur de Pachube. Celui-ci insiste sur le fait que Pachube est plus un projet sur les environnements que sur les capteurs. “En tant qu’architecte, je me suis toujours plus intéressé à ce que j’appelle le logiciel de l’espace (les sons, odeurs, lumières, températures, champs électromagnétiques, relations sociales…) plutôt qu’à sa dimension matérielle (plancher, mur, toit, etc.). L’image de porcelets dans une boîte résume bien pourquoi je pense que le logiciel de l’espace est plus important que le matériel. Dans l’image de droite, la température a été augmentée. Ce petit changement de la façon dont l’espace est programmé change radicalement la manière dont les habitants se comportent les uns par rapport aux autres. C’est cette approche de l’architecture qui est devenue mon centre d’intérêt : comment traduire de telles stratégies dans un discours général sur l’architecture et comment matérialiser de telles possibilités pour l’industrie de la construction.”

Pachube n’est pas simplement un projet de réseau social pour les données issues de capteurs, assène son initiateur, mais plutôt un terreau d’applications, pour connecter les objets et les données entre eux. D’où son engagement dans la spécification de l’Extended Environments Markup Language, un protocole de partage de données de capteurs en cours de spécification, qui est développé pour rendre les environnements dynamiques et réactifs plus réels. L’important, rappelle Usman Haque, est de s’assurer que les technologies de “l’extrême connectivité” (pour parler des technologies de l’internet des objets ou de l’Ubicomp c’est-à-dire l’informatique ubiquitaire), qui feront bientôt partie de tous les aspects de notre vie, sont bien entre les mains de ceux qui veulent les utiliser.

Ouvrir le processus de production de l’internet des objets
Pachube promeut au fond une vision bricolée de l’Ubicomp, contre une vision trop fonctionnelle ou trop lisse. Comme certains penseurs de l’internet des objet, tel Adam Greenfield ou Bruce Sterling auxquels il se réfère, Usman se dit préoccupé par l’évolution de l’informatique ubiquitaire qui tend à vouloir rendre la technologie invisible, ce qui reviendrait à “confier notre avenir à des gens dont nous ne savons rien et dont nous ne connaissons pas les intentions”. Pour lui, Pachube répond à tout le contraire : il a pour but d’ouvrir le processus de production de l’internet des objets ou de la domotique des “maisons intelligentes”, de ne pas l’enfermer dans sa complexité technique pour que les gens puissent “négocier” leur avenir technologique. Enfin, insiste-t-il, Pachube met l’accent sur l’”environnement”, le milieu dans lequel s’insèrent les objets communicants : “Je crois que l’une des principales lacune de l’approche habituelle de l’Ubicomp consiste à examiner la connectivité et la technologie au niveau de l’objet, plutôt qu’à niveau de l’environnement”, ou du contexte.

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