L'immunothérapie reste à l'essai dans le monde pour tenter de doper les défenses immunitaires de patients infectés par le virus du sida (VIH) auxquels les puissantes trithérapies seules ne suffisent pas, selon des spécialistes.

Une molécule, l'IL-7 est en cours d'essai, mais ceux menés avec une autre molécule, IL-2 ont été décevants, selon des résultats présentés à la 16e conférence sur les rétrovirus et les infections opportunistes qui vient de se tenir à Montréal.

Selon deux grands essais internationaux incluant plus de 5.800 patients dans le monde, l'injection d'interleukine-2 (IL-2) ne permet pas de diminuer les risques d'infections opportunistes et de décès parmi les patients infectés par le virus du sida et par ailleurs tous sous trithérapie.

L'idée d'administrer l'Il-2 pour faire remonter le niveau de lymphocytes CD4 chez les patients infectés date des années 1985.

Les essais ESPRIT et SILCAAT visaient à déterminer si l'augmentation de ces cellules CD4, cible principale du virus, se traduisaient par une réduction d'infections et de décès chez cette catégorie de patients qui résistent aux trithérapies. Cela n'est pas le cas.

"Les résultats nous ont surpris, car dans les cohortes de patients suivis en France on avait l'impression d'un bénéfice", a relevé le Pr Jean-François Delfraissy directeur de l'agence française de recherche sur le sida (ANRS) participant aux essais. "Cela ferme la porte de l'Il-2 car il n'y a pas de bénéfice" à donner cette molécule, résume le Pr Yves Lévy (hôpital Henri Mondor, Créteil, région parisienne). "Pour autant, cela ne remet pas en question ce type d'approche", explique le Pr Lévy: "d'autres produits d'immunothérapie font actuellement l'objet d'évaluation car ils sont susceptibles d'induire une réponse immunitaire pouvant favoriser un meilleur contrôle de l'infection".

Il cite un essai préliminaire (phase 1) en cours en France, Italie, Etats-Unis et Canada avec une molécule très différente, l'interleukine-7 (IL-7) plus facile d'administration (3 injections en 1 fois par semaine) et qui présente l'avantage de ne pas provoquer de température ni de malaises comme l'IL-2. La molécule provient de Cytheris, une firme biotech française, indique le Pr Lévy.