Suivre la tendance du groupe est un comportement qui pourrait être lié à l'instinct de survie – du moins chez les oiseaux – et qui nous donne des indices qui pourraient être appliqués à tout le règne animal. Une nouvelle étude de l'Université de Montréal, dont les résultats sont publiés dans Biology Letters, révèle que les goélands argentés et les goélands à bec cerclé ne se contentent pas d'observer leurs voisins, ils imitent aussi leurs comportements, ce qui pourrait s'avérer nécessaire à leur survie.

Contrairement à ce que l'on a toujours cru, cette étude propose que les animaux n'agissent pas forcément de manière autonome et qu'ils règlent leur conduite sur les réactions des autres membres du groupe. "Il s'agit de la première étude qui montre comment les goélands imitent la vigilance et l'attention des autres goélands pendant les périodes de repos, indique Guy Beauchamp, auteur de la recherche et statisticien à la Faculté de médecine vétérinaire de l'Université de Montréal. Lorsque leurs voisins immédiats étaient aux aguets, les goélands que nous avons observés étaient plus vigilants et se reposaient moins. Au contraire, lorsque leurs voisins étaient plus détendus, ils l'étaient aussi."

Cette imitation du comportement peut s'avérer un avantage lorsqu'un prédateur se trouve à proximité. "Si le groupe est agité et prêt à fuir, il peut être bon d'être aussi sur le qui-vive, explique le Dr Beauchamp. Quel est le goéland qui veut rester sur place alors qu'un prédateur s'approche?" Quel est le rapport avec l'être humain ?

Le Dr Beauchamp a passé les deux derniers étés à suivre et à étudier le comportement des goélands dans la baie de Fundy. Il a comparé l'activité de ceux qui dormaient en fonction de la vigilance de leurs voisins.

"Lorsqu'ils dorment, les goélands ont toujours un œil ouvert et ils scrutent le groupe sans arrêt. À partir de mes observations, nous savons maintenant qu'ils évaluent le niveau de vigilance de leurs voisins pour les imiter. Cela ajoute une nouvelle complexité à la compréhension du comportement animal."

Le Dr Beauchamp suggère que ce comportement peut être extrapolé à l'être humain et aux autres mammifères: "La théorie de la vigilance collective d'un groupe peut être appliquée à tout le règne animal. Même si l'être humain n'a pas à se soucier des prédateurs, il n'en fait pas moins attention au comportement des autres. Par exemple, il évalue leur valeur en fonction de ses interactions sociales ou physiques, il étudie les forces des autres. Les animaux qui sont attentifs sont ceux qui gagnent."