On connaît les dégâts causés par le diabète sur le coeur, les yeux et les reins. Des études américaines semblent montrer que le diabète de type 2, qui touche environ 18 millions d'américains, peut aussi augmenter le risque de maladie d'Alzheimer et pourrait accélérer son évolution.

Les médecins soupçonnaient depuis longtemps le diabète d'abîmer les vaisseaux qui irriguent le cerveau. Mais il semble que le processus de détérioration débute avant le diagnostic de diabète, au moment où l'organisme perd peu à peu sa capacité de régulation du sucre dans le sang.

En fait, les lignes sont floues entre ce que les spécialistes appellent "démence vasculaire" et la plus inquiétante maladie d'Alzheimer classique. Mais quel que soit le nom, il existe suffisamment de raisons pour préserver son cerveau en luttant contre le diabète et les risques cardio-vasculaires qui lui sont associés.

"Nous ne pouvons pas grand-chose contre la maladie d'Alzheimer", ces plaques adhésives qui s'agglutinent dans le cerveau des patients, explique le Dr Yaakov Stern, spécialiste de cette démence, centre médical de l'Université de Columbia. Mais, "si vous pouviez contrôler ces facteurs vasculaires, vous pourriez ralentir l'évolution de la maladie".

Ne vous affolez pas si vous êtes diabétique, rassure toutefois le Dr Ralph Nixon, Université de New York. La génétique reste le premier facteur de risque de maladie d'Alzheimer. "En aucune manière, cela ne signifie que vous allez développer une maladie d'Alzheimer et beaucoup de personnes atteintes ne sont sans doute pas diabétiques", prévient-il. Mais la dernière étude renforce le lien.

Parmi les découvertes, les chercheurs ont constaté que l'activité du cerveau ralentit doucement, au fur et à mesure que la quantité de sucre dans le sang augmente, bien avant que les gens ne présentent des troubles de la mémoire manifestes.

Dans une importante étude nationale, les médecins ont donné une batterie de tests cognitifs à près de 3.000 diabétiques. A chaque élévation de leur taux d'A1C (moyenne de taux de sucre dans le sang pendant trois mois), on constate une diminution légère, mais significative de la mémoire, de la capacité à faire plusieurs choses en même temps, ou d'autres tâches cognitives, ont écrit les scientifiques de l'Université Wake Forest dans le journal "Diabete Care".

La nouvelle étude financée par le gouvernement teste dans quelle mesure un meilleur traitement contre le diabète peut améliorer la fonction cérébrale.

A Columbia, le Dr Stern co-dirige une étude importante: des centaines d'habitants âgés ont accepté de subir des tests alors qu'ils étaient encore en bonne santé, permettant aux scientifiques de ne pas rater les premiers signes de démence. Stern a suivi 156 personnes qui ont par la suite développé une maladie d'Alzheimer, et découvert que l'état de celles qui présentaient une histoire de diabète et un taux trop élevé de cholestérol s'aggravait plus vite, selon les résultats publiés dans un numéro spécial de "Archives of Neurology", consacré à ce lien.

Le diabète de type 2 survient comme une conséquence de l'insulinorésistance, qui empêche petit à petit l'insuline de faire rentrer le sucre dans la cellule. Un effet similaire dans le cerveau aide à expliquer le lien avec la démence, explique le Dr Suzanne Craft, de Veterans Affairs Puget Sound Health Care System dans une étude publiée également dans cette revue.

L'insuline a une influence sur la mémoire de différentes manières, et l'insulinorésistance affecte en retour l'activité liée à l'insuline des cellules cérébrales. D'autres facteurs, notamment une inflammation du cerveau tout comme le stress oxydatif, pourraient aussi jouer un rôle. AP