Source: Université de Montréal

Une importante étude internationale aura un impact majeur sur les traitements chirurgicaux pour l'insuffisance cardiaque. Les résultats de cette étude comparative intitulée Essai STICH (pour Surgical Treatment for Ischemic Heart Failure), codirigée et présidée par Jean-Lucien Rouleau, doyen de la faculté de médecine de l'Université de Montréal cardiologue et chercheur à l'Institut de Cardiologie de Montréal, sont publiés dans le New England Journal of Medicine. Le chercheur principal est Robert Jones, du Duke Clinical Research Institute.

Dans le cadre de l'essai STICH, 1 000 participants ont été recrutés en Amérique du Nord et en Europe : 499 patients ont subi un pontage coronarien, alors que 501 ont subi un pontage coronarien et une reconstruction chirurgicale ventriculaire (RCV).

La RCV consiste à replier sur elle-même la partie cicatrisée du cœur endommagé pour qu'elle puisse battre de façon plus efficace. On estime qu'au cours des 10 dernières années, quelque 3 000 à 5 000 RCV ont été effectuées dans le monde.

Dans le cadre de cette étude, les médecins ont contrôlé les participants deux fois par an pendant quatre ans. Le résultat? Les procédures RCV n'ont pas réduit les taux de mortalité et les hospitalisations ultérieures ni amélioré la qualité de vie. En outre:

  • 28 % des patients ayant subi un pontage coronarien sont décédés alors que dans le groupe RCV, 27 % sont décédés;
  • 41 % des patients ayant subi un pontage coronarien ont été hospitalisés alors que dans le groupe RCV, 40 % ont été hospitalisés.

Étant donné que l'on croyait que la RCV rendait le cœur plus petit et plus fort – et le fait que d'autres thérapies, comme les bêta-bloquants, les inhibiteurs de l'enzyme de conversion et la resynchronisation cardiaque sont réputées aider les cardiaques – les résultats de l'essai STICH ont surpris les chercheurs.

"Nous avons conclu qu'il n'y avait aucun avantage à procéder à la RCV chez les patients qui ont participé à l'essai STICH", a indiqué le Dr Rouleau, ajoutant que le pontage coronarien et les médicaments à eux seuls pourraient permettre au cœur de retrouver une force suffisante pour que les patients puissent vaquer à leurs activités quotidiennes.

La partie canadienne de l'étude
Au Canada, quelque 154 patients ont été recrutés à Halifax, à Québec, à Montréal, à Hamilton, à Toronto, à Calgary et à Vancouver dans le cadre de l'essai STICH.

Les résultats de l'essai STICH sont importants étant donné que la coronaropathie est l'une des causes principales de l'insuffisance cardiaque, de l'invalidité et de la mortalité dans le monde. Au Canada seulement, 1,5 % de la population souffre d'insuffisance cardiaque, 21 à 22 % des hommes et des femmes âgés de plus de 50 ans pourraient un jour souffrir d'insuffisance cardiaque et 75 % des cas d'insuffisance cardiaque sont dus à une coronaropathie.

Les chercheurs de l'essai STICH suivent maintenant 1 212 patients souffrant d'insuffisance cardiaque et qui ne prennent que des médicaments, comparativement à un autre groupe, traité par médicaments et pontage coronarien.