Version française Henri-Pierre André

Le réchauffement climatique devrait probablement excéder le seuil des 2°C considéré par l'Union européenne comme déclencheur d'un changement "dangereux", selon des experts en question climatique interrogés par Reuters.

En 2007, dans son dernier rapport en date, le GIEC se disait certain à 90% que les activités humaines, et avant tout la combustion d'hydrocarbures, étaient la principale cause du réchauffement observé ces cinquante dernières années.

Neuf des onze experts sollicités pour cette étude, tous membres du comité de rédaction du rapport du Groupe intergouvernemental sur le climat (GIEC), jugent par ailleurs que les éléments démontrant la responsabilité de l'activité humaine dans l'évolution du climat ont gagné en importance ces deux dernières années. Interrogés à titre personnel, la plupart d'entre eux anticipent aussi une fonte des glaces l'été dans l'océan Arctique et une élévation du niveau des océans plus rapides que les projections avancées en 2007 par le GIEC.

"Un grand nombre des effets que nous observons aujourd'hui dépassent ce que nous anticipions", souligne William Hare, de l'Institut de recherche de Potsdam sur les effets du climat.

Pour dix d'entre eux, il est au mieux "improbable" que la communauté internationale parvienne à contenir sous les 2°C la hausse des températures moyennes de la planète par rapport à la situation préindustrielle. Dans le jargon du GIEC, "improbable" renvoie à moins d'une chance sur trois. "Scientifiquement, c'est possible. Mais compte tenu du niveau de volonté politique, c'est improbable", précise Salemeel Huq, de l'Institut international de l'environnement et du développement basé à Londres.

Et David Karoly, de l'Université de Melbourne, juge lui "très improbable" que le monde remplisse cet objectif. "La concentration dans l'atmosphère de gaz à effet de serre à durée de vie longue est déjà suffisante pour provoquer un réchauffement supérieur à 2°C par rapport aux niveaux préindustriels, et nous continuons d'en émettre toujours plus", explique-t-il.

Cette étude a été réalisée en marge de la conférence de Bonn, en Allemagne, où les délégations de 175 nations sont réunies jusqu'à mardi dans le cadre des négociations sur le futur traité censé succéder au Protocole de Kyoto. L'Union européenne, à l'instar d'associations écologistes, considère nécessaire de limiter le réchauffement à 2°C par rapport aux températures moyennes enregistrées avant la révolution industrielle pour éviter un scénario noir (élévation du niveau des mers, inondations, sécheresses ou canicules). Pour l'heure, le réchauffement moyen est de 0,7°C.