Une découverte majeure pour les maladies neurologiques
Par Benje le samedi, mai 9 2009, 15:32 - Nouvelles Scientifiques - Lien permanent
Source: Université de Montréal
Des chercheurs de l'Université de Montréal et de l'Institut neurologique de Montréal (INM), à l'Université McGill,
ont découvert que des cellules qui soutiennent habituellement la survie
de cellules nerveuses (neurones) jouent aussi un rôle actif et majeur
dans la mort de neurones dans l'œil. Les résultats de leurs travaux,
publiés cette semaine dans The Journal of Neuroscience, pourraient
ouvrir la voie à des thérapies plus efficaces pour divers troubles
neurologiques aigus et chroniques, dont le glaucome et l'occlusion de
l'artère centrale de la rétine.
Dans nombre de maladies neurodégénératives, un des principaux
facteurs qui tue les neurones est le niveau excessif de glutamate, le neurotransmetteur de l'excitation le plus abondant dans plusieurs régions du système nerveux central (SNC).
Les maladies résultant de niveaux élevés de glutamate comprennent
notamment les lésions cérébrales hypoxiques ischémiques (AVC), les
traumas, les crises épileptiques, diverses formes de démence et de
neurodégénérescence. Pendant des années, la principale explication pour
les effets toxiques du glutamate a été qu'il surexcite des cellules
neuronales par l'activation des récepteurs de glutamate, ce qui tue ces
cellules.
"L'aspect le plus intéressant de notre étude, et la raison pour
laquelle nous sommes si enthousiastes, est que la voie qui mène à la
mort déclenchée par le glutamate des cellules nerveuses met en cause un
autre joueur vital – à savoir, les cellules gliales, de dire la Pre
Adriana Di Polo, neuroscientifique à l'Université de Montréal. Par une
expérimentation rigoureuse, nous savons maintenant que le glutamate
active des voies de signalisation dans les cellules gliales qui mènent
ensuite à la mort neuronale."
Type de cellules le plus abondant dans le système nerveux, les cellules
gliales sont considérées comme des cellules "partenaires" des cellules
nerveuses, leur procurant soutien, substances nutritives et un
environnement optimal. Toutefois, cette étude indique que les cellules
gliales ont aussi un côté plus sinistre qui leur permet de déclencher
ou d'exacerber la mort neuronale dans des pathologies.
"La mort de cellules neuronales déclenchée par le glutamate est une
étape clé dans un grand nombre de lésions et de maladies, et cette
étude est importante, car elle fournit un guide pour les événements
cellulaires et moléculaires qui permettent à cela de se produire,
explique le Pr Philip Barker, neuroscientifique à l'INM. Le fait que
des événements précis de signalisation dans les cellules gliales soient
importants pour déclencher la mort de cellules neuronales est
surprenant et laisse entrevoir de nouvelles cibles thérapeutiques pour
des affections où l'excitotoxicité est en cause."
Les constatations de l'étude de l'INM et de l'Université de Montréal
représentent un changement de paradigme du grand modèle
d'excitotoxicité en place depuis de nombreuses années.
Jusqu'à maintenant, on considérait que le glutamate, qui est libéré
lors d'une lésion, se lie aux récepteurs de glutamate sur des neurones
et les active, déclenchant ainsi une entrée massive de calcium et la
mort de cellules. Cependant, des essais cliniques ciblant des
récepteurs de glutamate ont été décevants et semblent indiquer que ces
récepteurs jouent seulement un rôle mineur dans le déclenchement de la
mort neuronale.
L'étude, soutenue par les Instituts de recherche en santé du Canada
(IRSC), a porté sur les cellules nerveuses dans la rétine qui
communiquent l'information de la rétine au cerveau par le nerf optique,
et qui sont le lien principal entre la rétine et le cerveau. La mort de
ces neurones rétiniens d'un excès de glutamate entraîne une perte de la
vision dans divers troubles neurodégénératifs, dont les neuropathies
optiques.
En interrompant les événements de signalisation dans les cellules
gliales voisines, les chercheurs ont pu protéger la majorité de ces
neurones, ce qui confirmait le rôle clé des événements liés aux
cellules gliales dans la mort déclenchée par le glutamate.
Cette nouvelle compréhension de la cascade excitotoxique de la mort de
cellules nerveuses fournit des cibles claires pour une intervention
thérapeutique fructueuse dans le cas d'un large éventail de maladies
neurologiques et neurodégénératives.