Source: Centre universitaire de santé McGill

Des chercheurs de l’INM et du CUSM ouvrent une nouvelle voie de recherche sur l’addiction à la cocaïne.

La cocaïne est l’une des drogues les plus anciennes, et son abus est largement répandu depuis la fin du XIXème siècle. Paradoxalement on connaît assez mal ses effets sur le cerveau humain et les mécanismes qui mènent à son addiction. La dernière publication du Dr Marco Leyton, de l’Institut Neurologique de Montréal (INM), du Centre universitaire de santé McGill, et de l’Université McGill, dans le journal Biological Psychiatry du 15 mai 2009 prouve l’existence d’un lien entre cocaïne et circuit cérébral de la récompense, et lie la susceptibilité à l’addiction avec ces mécanismes.

Les résultats de cette étude montrent que la prise nasale de cocaïne active de façon importante la sécrétion de l’hormone dopamine dans une région centrale du cerveau: le striatum. La dopamine est connue pour jouer un rôle crucial dans la réponse du cerveau à la récompense, ainsi que dans la réponse aux drogues addictives.

Cette étude a été réalisée sur dix consommateurs de cocaïne non–dépendants dont chacun a reçu de la cocaïne et un placebo, par voie nasale, sur deux jours de tests bien séparés. Les patients ont subi des tests sanguins avant et après la prise de drogue, plus des analyses par PET scan pour évaluer la diffusion de dopamine dans le cerveau.

"L’intensité de la sécrétion de dopamine suite à la prise de cocaïne est variable selon les personnes. Elle dépend de la quantité de cette drogue que le patient a consommé dans le passé," explique le Dr Leyton. Plus la consommation du patient a été importante au cours de sa vie, plus son cerveau sécrète de dopamine lors d’une prise ultérieure de cocaïne. "Cela indique un lien potentiel entre l’intensité de la réponse du circuit de la récompense et une susceptibilité accrue vers l’addiction," selon le Dr Leyton.

Si le lien entre l’intensité de la sécrétion de dopamine et la susceptibilité à l’addiction est prouvé, les chercheurs ne savent pas encore dans quel sens il agit. Est-ce la répétition de la stimulation du circuit du plaisir qui induit une addiction, ou est-ce une sensibilité naturelle à l’addiction qui provoque une sécrétion plus importante de dopamine? La question reste ouverte, d’autant plus que d’autres facteurs entrent aussi en ligne de compte telle que l’histoire personnelle du patient.

Quelque soit la réponse à cette question, le lien entre dopamine et cocaïne désigne cette hormone comme une cible potentielle pour des traitements contre l’addiction. Ces derniers nécessiteront des recherches plus poussées pour être mis sur le marché, mais cette étude ouvre une nouvelle voie vers leur réalisation.