Source: CNRS

Une équipe de l'IBDML, l'Institut de biologie du développement de Marseille Luminy (CNRS-Université de la Méditerranée Aix-Marseille II) vient de mettre en évidence l'interaction entre la repousse des axones au sein de la moelle épinière et le développement des vaisseaux sanguins dans le cas de traumatisme médullaire chez la souris. Ce résultat a été obtenu par une combinaison prometteuse de techniques d'imagerie et a permis de faire un pas de plus vers la régénération de la moelle épinière. L'article est paru en ligne dans la revue du Proceedings of the National Academy of Science.

L'axone est une partie du neurone où circule l'influx nerveux et au bout duquel se trouve la synapse, jonction avec un autre neurone. Lors d'une lésion, l'axone est l'élément qui doit être régénéré pour rétablir les liaisons entre les différents neurones et reformer le nerf. La capacité de repousse des axones au sein du système nerveux central, dont fait partie la moelle épinière, était jusqu'alors controversée. Les axones peuvent se régénérer vers les muscles, alors que dans le sens inverse, des facteurs inhibiteurs bloquent la repousse vers les centres nerveux. L'observation faite par l'équipe de Geneviève Rougon à l'IBDML montre que les axones repoussent aussi en direction de la moelle épinière dans un court laps de temps après le traumatisme. De plus, cette repousse est favorisée par l'angiogénèse post-traumatique, c'est-à-dire par le processus de formation de nouveaux vaisseaux sanguins dans les tissus endommagés.

En effet, après un traumatisme de la moelle épinière, on observe chez la souris une angiogénèse importante et très dynamique, avec un pic d'intensité une semaine après la lésion. Parallèlement, les axones repoussent préférentiellement et plus rapidement au voisinage des vaisseaux sanguins. Ces observations suggèrent qu'une amplification de l'angiogénèse et son maintien dans le temps pourraient offrir de nouvelles perspectives thérapeutiques pour favoriser la récupération fonctionnelle après, par exemple, une lésion de la moelle épinière.

La description de cette interaction spatio-temporelle a été faite en combinant deux avancées en matière d'imagerie: l'utilisation de souris dont les populations cellulaires sont repérables par leurs propriétés fluorescentes et la microscopie bi-photonique. Ce nouveau protocole d'imagerie permet de visualiser in situ et en 3D les phénomènes cellulaires mis en jeu en conditions traumatiques ou pathologiques et d'en caractériser les cinétiques par des observations récurrentes sur la même souris. Ceci permet de décrire les interactions cellulaires de façon dynamique, dans l'espace et dans le temps, sur un animal vivant, chose impossible avec les techniques classiques d'histologie (branche de la biologie qui étudie les tissus) qui nécessitent le sacrifice de plusieurs animaux à chaque temps d'intérêt. Cette technique non invasive réduit de façon drastique le nombre de souris utilisées et, grâce la reproductibilité de l'expérience sur le même animal, améliore considérablement le résultat.