Nouvelle technique d'imagerie: vers la régénération de moelle épinière ?
Par Benje le mercredi, juin 3 2009, 02:10 - Nouvelles Scientifiques - Lien permanent
Source: CNRS
Une équipe de l'IBDML, l'Institut de biologie du développement de
Marseille Luminy (CNRS-Université de la Méditerranée Aix-Marseille II)
vient de mettre en évidence l'interaction
entre la repousse des axones au sein de la moelle épinière et le
développement des vaisseaux sanguins dans le cas de traumatisme
médullaire chez la souris. Ce résultat a été obtenu par une combinaison prometteuse de techniques d'imagerie et a permis de faire un pas de
plus vers la régénération de la moelle épinière. L'article est paru en
ligne dans la revue du Proceedings of the National Academy of Science.
L'axone est une partie du neurone où circule l'influx nerveux et au
bout duquel se trouve la synapse, jonction avec un autre neurone. Lors
d'une lésion, l'axone est l'élément qui doit être régénéré pour
rétablir les liaisons entre les différents neurones et reformer le nerf. La capacité de repousse des axones au sein du système nerveux central, dont fait partie la moelle épinière, était jusqu'alors
controversée. Les axones peuvent se régénérer vers les muscles, alors
que dans le sens inverse, des facteurs inhibiteurs bloquent la repousse
vers les centres nerveux. L'observation faite par l'équipe de Geneviève Rougon à l'IBDML montre que les axones
repoussent aussi en direction de la moelle épinière dans un court laps
de temps après le traumatisme. De plus, cette repousse est favorisée par
l'angiogénèse post-traumatique, c'est-à-dire par le processus de
formation de nouveaux vaisseaux sanguins dans les tissus endommagés.
En effet, après un traumatisme de la moelle épinière, on observe chez
la souris une angiogénèse importante et très dynamique, avec un pic
d'intensité une semaine après la lésion. Parallèlement, les axones
repoussent préférentiellement et plus rapidement au voisinage des vaisseaux sanguins. Ces observations suggèrent qu'une amplification de l'angiogénèse et son maintien dans le temps pourraient offrir de
nouvelles perspectives thérapeutiques pour favoriser la récupération
fonctionnelle après, par exemple, une lésion de la moelle épinière.
La description de cette interaction
spatio-temporelle a été faite en combinant deux avancées en matière
d'imagerie: l'utilisation de souris dont les populations cellulaires
sont repérables par leurs propriétés fluorescentes et la microscopie
bi-photonique. Ce nouveau protocole d'imagerie permet de visualiser in
situ et en 3D les phénomènes cellulaires mis en jeu en conditions
traumatiques ou pathologiques et d'en caractériser les cinétiques par
des observations récurrentes sur la même souris. Ceci permet de décrire
les interactions cellulaires de façon dynamique, dans l'espace et dans
le temps, sur un animal vivant, chose impossible avec les techniques classiques d'histologie (branche de la biologie qui étudie les tissus)
qui nécessitent le sacrifice de plusieurs animaux à chaque temps
d'intérêt. Cette technique non invasive réduit de façon drastique le nombre de souris utilisées et, grâce la reproductibilité de l'expérience sur le même animal, améliore considérablement le résultat.