Source: Science, AAAS & EurekAlert

Deux études de Science décrivent comment l'interaction entre de lointains groupes de chasseurs-cueilleurs, pour la guerre, le commerce ou l'échange d'idées, peut avoir joué un rôle majeur dans l'évolution du comportement social chez l'homme.

Dans le premier article, Samuel Bowles, de l'Université de Sienne et du Santa Fe Institute à Santa Fe, rapporte que les conflits ont pu favoriser la survie des groupes qui contenaient des individus altruistes voulant risquer leur vie pour les autres. Le chercheur a utilisé un modèle théorique de conflit entre groupes humains pour mesurer les coûts et les bénéfices du comportement altruiste à la fois pour les individus et les groupes. Puis il a incorporé des données issues de l'ethnographie et de l'archéologie sur la mortalité des adultes due à la guerre parmi les populations de chasseurs-cueilleurs préhistoriques et modernes. Ses résultats suggèrent que la guerre était suffisamment courante pour que des comportements altruistes aient pu évoluer, car ils pouvaient améliorer les chances pour un groupe de gagner lors d'affrontements mortels.

Une seconde étude propose que la taille des populations et les modes de migration puissent expliquer pourquoi le comportement moderne de l'homme est apparu il y a environ 90 000 ans en Afrique mais bien plus tard en Europe. Ce comportement correspond notamment au développement d'outils élaborés, d'instruments de musique et de l'art. Ses premières traces ont été découvertes en Afrique et datent d'il y a environ 70 000 à 90 000 ans alors qu'elles remontent à 45 000 ans en Europe. Adam Powell, de l'University College London à Londres, et ses collègues ont analysé un modèle de population dans lequel les individus vivent en groupes et apprennent entre eux ou au contact d'autres groupes lors de migrations. Les auteurs ont trouvé que la complexité symbolique et technique est apparue à l'époque en Afrique puis en Europe en raison de mélanges suffisant des populations pour permettre une propagation efficace des innovations culturelles, et pas forcément en raison de changements dans les capacités cognitives.